Le site Natura 2000 :
Les Espaces Naturels Sensibles
Les prairies sèches du Clos Digny
Situées au sein du périmètre Natura 2000 du « Massif du Mont Vuache », les prairies sèches du Clos Digny (commune de Musièges) font l’objet depuis 2011 de travaux de restauration et d’entretien. Une convention de gestion est signée avec les propriétaires et permet au SIV d’assurer la maitrise d’ouvrage des travaux, financés en partie par l’Europe et l’Etat français. Ceux-ci sont confiés à l’entreprise spécialisée Christian VISTALLI et aux élèves de l’ISETA (Institut des Sciences de l’Environnement et des Territoires d’Annecy). Un inventaire de la flore réalisé en 2013 a montré la richesse exceptionnelle du site avec 205 espèces inventoriées !
Les prairies sèches autour du village de Chaumont
On dénombre autour du village de Chaumont plusieurs prairies sèches remarquables : au sud, les ruines du Château et le rocher Bataillard, et au nord, le Mont et les Roches. Ces pelouses sèches calcicoles (sur sol calcaire) sont très favorables à l’installation d’une grande diversité de taxons et notamment aux espèces xérothermophiles (qui aiment les milieux secs et chauds). Outre la richesse floristique singulière de ces prairies, c’est la grande diversité d’insectes qui les rend particulièrement intéressantes, notamment pour les papillons de jour (plus d’une cinquantaine d’espèces). Les travaux de gestion sont confiés à l’ISETA.
Les pâturages du Vuache
Réhabilités en 2002, les huit hectares de pâturage du Vuache sont aujourd’hui entretenus par un troupeau de génisses appartenant à Frédéric FOL, agriculteur à Savigny. En 2016, une réserve d’eau de 30 m3 (citerne souple autoportante) a été installée et permet aujourd’hui aux génisses de rester jusqu’à la fin du mois d’août. La pression de pâturage augmentant, le SIV pourra bientôt s’affranchir des interventions mécaniques automnales destinées à broyer la végétation ligneuse (arbustes) non consommée. En 2017, le Département de la Haute-Savoie s’est porté acquéreur de la partie sommitale des pâturages, qui deviendra le 10ème site départemental ENS (Espace Naturel Sensible).
Les vires herbeuses du versant sud-ouest du Vuache
Situées sur le versant sud-ouest du massif, entre les escarpements rocheux, ces prairies sèches font l’objet d’une attention toute particulière de la part des naturalistes du SIV, car elles hébergent plusieurs populations d’espèces rares dans le département (voir « Flore »). On y trouve en effet le magnifique Lis orangé et la Serratule à tige nue, considérée comme « En danger » en Haute-Savoie. Abondantes il y a encore une vingtaine d’années sur le Vuache, ces espèces se font aujourd’hui plus rares et différentes études sont menées pour évaluer les facteurs qui limitent le développement des populations : cueillette, sécheresse, broutage par le chamois ?
Le versant sud-ouest du massif du Vuache est protégé par un arrêté préfectoral : ARRETE N°DDT-2018-665 du 2 mars 2018
Les placettes à Gélinotte des Bois
La Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), de la famille des tétraonidés, est un oiseau montagnard que l’on rencontre ponctuellement sur le massif du Vuache. L’oiseau connaît cependant depuis une trentaine d’années une baisse significative de ses effectifs. L’absence de zones de refuges hivernales due au vieillissement du taillis semble être la principale cause de cette régression (raréfaction des milieux forestiers fermés). En 2003, les élus du SIPCV ont par conséquent souhaité s’engager dans des opérations de réhabilitation de milieux favorables à la Gelinotte des bois. Une vingtaine de trouées (placettes) ont donc été réalisées dans le milieu forestier. L’objectif étant de fournir, à plus ou moins long terme, un taillis correspondant à l’habitat de prédilection de l’oiseau. Certaines essences favorables à l’espèce telles que les alisiers, saules, noisetiers, aubépines, aulnes, ont été épargnées.
En 2005, en collaboration avec l’Observatoire des Galliformes de Montagnes (OGM), une nouvelle méthode de suivi des populations a été mise en place, différente de la précédente qui n’était plus fiable*. Cette méthode dite « IPPC » consistait à suivre l’évolution de la population par la recherche d’ « Indices de Présence Par Cercles » : traces, plumes, crottes, etc. 200 points, chacun espacés de 200 mètres, ont ainsi été positionnés de façon aléatoire sur le massif du Vuache et ont fait l’objet d’un suivi hivernal annuel. Après six années de suivi, une tendance à la diminution de la population semblait se confirmer.
*Méthode des rappels utilisée depuis 1986 par l’Office National des Forêts (ONF) et l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS).
Enfin, la volonté unanime des responsables cynégétiques locaux de ne plus prélever de Gélinotte des bois sur le Massif du Vuache a été renforcée en 2008 par un arrêté préfectoral interdisant la chasse de cette espèce sur toutes les communes du Massif du Vuache et du Mont de Musièges.
Historique des opérations de gestion :
Au cours des hivers 2003 et 2004, des travaux de recépage ont été réalisés par une entreprise spécialisée, créant ainsi 22 placettes d’environ 1600 m2 (soit un peu plus de 3.5 hectares), avec abandon des rémanents sur place.
- 10 placettes sur le Plateau du Carrelet (Savigny),
- 7 placettes au niveau de l’Oratoire Sainte-Victoire (Chevrier),
- 1 placette au niveau du Golet du Pey (Dingy-en-Vuache),
- 4 placettes au niveau de la Grande Combe (Chaumont).
Le choix s’est porté sur des zones pauvres (à très faible potentiel sylvicole) mais intéressantes (favorables à la Gélinotte des bois), sur lesquelles ont été réalisées des coupes à blanc. Ces zones étant difficiles d’accès, l’affouage n’a pas été envisageable.
En 2006 et en 2007, des travaux d’amélioration des placettes ont été réalisés par la même entreprise, consistant à une opération de dépressage du manteau forestier (bande d’environ dix mètres de large, autour de la placette), en favorisant les espèces nourricières (noisetiers, saules, sorbiers, … etc.). Cette opération a permis d’offrir une transition moins marquée entre le milieu ouvert et la forêt, augmentant ainsi les effets de lisières au profit de l’oiseau. Environ deux hectares de forêt ont été traités.
En 2008, une rencontre avec le directeur de l’OGM, Marc Montadert, a permis de dresser un premier bilan des opérations. De nouvelles propositions de travaux ont ensuite été programmées :
- Favoriser les zones herbeuses (places de nichées) par un jardinage de cépées, afin d’augmenter la lumière au sol,
- Maintenir l’hivernage des adultes en favorisant les végétaux sempervirents (zones de refuge contre l’Autour des palombes),
- Améliorer l’habitat en créant un réseau entre les placettes (couloirs) pour ne pas laisser de surfaces non favorable trop importantes.
Les travaux ont été réalisés au cours des hivers 2011 (Plateau du Carrelet) et 2014 (Oratoire Sainte-Victoire).
Les clairières forestières du Vuache
Réalisées en 2013 et en 2014 par l’ONF, dans le cadre d’un contrat forestier Natura 2000, les 37 clairières forestières sont destinées à renforcer la biodiversité au sein des forêts du Vuache. Pour 27 clairières, difficile d’accès, les rémanents (branches et troncs) ont été laissés sur place, mais systématiquement mis en andain, de manière à limiter l’emprise au sol. Les dix clairières facilement accessibles ont été confiées à des affouagistes. Les grumes ont alors été enlevées et les branches ont été stockées en périphérie.
Ces aménagements permettent de recréer des milieux ouverts, terrains de chasse des Chiroptères (Chauves-souris) ainsi que des « écotones », zones de transition écologique entre forêt et milieu ouvert, riches en diversité biologique et favorables à de nombreuses espèces remarquables tel que le Lynx ou la Gélinotte des Bois.
Les forêts de pentes et éboulis du Vuache
Installés sur les versants sud-ouest du Vuache et sud du Mont de Musièges, ces milieux naturels d’intérêt ont bénéficié en 2014 de travaux forestiers Natura 2000 (ONF) destinés à ouvrir les secteurs les plus boisés. En effet, ce sont des zones potentiellement favorables à la nidification de deux espèces d’oiseaux remarquables : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) et l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus).
Les prairies naturelles du piémont
Pour limiter la fermeture du paysage, le Syndicat Intercommunal du Vuache organise régulièrement des campagnes de restauration de prairies naturelles pâturées, menacées d’embroussaillement et situées sur le piémont de la montagne. Après études des candidatures, des conventions sont signées avec les agriculteurs, qui participent financièrement aux travaux de broyage des parcelles retenues. C’est l’entreprise spécialisée C. VISTALLI qui intervient. Les agriculteurs s’engagent ensuite à entretenir les prairies restaurées, par broyage léger ou pâturage adapté.
Les prairies sèches autour d’Entremont
A l’extrémité nord-ouest du Vuache, autour du hameau d’Entremont (commune de Clarafond-Arcine) deux très belles pelouses sèches font l’objet depuis 2010 d’une gestion par le SIV. La première, située au-dessus de la route départementale 908a, héberge plusieurs espèces intéressantes, dont l’Aster amelle (Asters amellus), protégée en France, et l’Armoise blanche (Artemisia alba), sur liste rouge départementale. La seconde est située sous la carrière dite « Au-Devant ». Les propriétaires de ces parcelles ont confié au syndicat (par convention) la gestion de ces espaces naturels sensibles.
La prairie sèche du Pré du Feu
Reconnu par les botanistes haut-savoyard comme la plus belle prairie sèche du Vuache, le Pré du Feu, propriété privée, recèle des espèces végétales très rares, dont le Thésium à feuille de lin (Thesium linophyllon), seule localité départementale. On y rencontre également une belle population d’Aspérule des teinturiers (Asperula tinctoria). De grande valeur patrimoniale, il est important de maintenir cette prairie ouverte par débroussaillage et fauche tardive, en particulier dans la partie nord. La gestion commencée en 2016 va donc se poursuivre.
La Prairie sèche de Champs Masson
Exploitée par le GAEC « Perce Neige » de Chaumont, cette prairie est valorisée depuis 2015 par la mise en place de Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) : absence de fertilisation, fauche tardive, etc. La même année, le Syndicat Intercommunal du Vuache a eu l’opportunité d’acquérir un lot de cinq parcelles englobant cette pelouse sèche. L’exploitation se poursuit aujourd’hui avec le GAEC, qui reconduit chaque année sa gestion en faveur de la biodiversité.
Marais du Dauzet
Ce bas marais alcalin, situé au sud du motocross de Chaumont, est caractérisé au nord par une zone humide constituée de touradons de Choin noirâtre (Schoenus nigricans), piqueté de Bourdaine (Frangula alnus), et au sud par une zone plus sèche régulièrement fauchée. On y connait de longue date trois espèces protégées à l’échelle régionale : l’Orchis odorant (Gymnadenia odoratissima), le Laser de Prusse (Laserpitium prutenicum) et le Pigamon de Bauhin (Thalictrum simplex subsp. tenuifolium). Ce dernier trouvait ici sont unique station en Haute-Savoie. Malheureusement, l’espèce n’a pas été revue depuis cinq ans. Un piézomètre (appareil qui mesure les niveaux de la nappe phréatique) installé sur le site en 2015, a mis en évidence la sécheresse estivale marquée de 2016 ainsi que l’hiver et le printemps très secs de 2017. Ces facteurs ont probablement un lien avec la disparition du Pigamon.
Prairie humide du Dauzet
Située non loin du marais du même nom, cette prairie humide présente des caractéristiques écologiques exceptionnelles avec une mosaïque de milieux naturels allant des pelouses calcaires à Brome (Mesobromion) aux groupements à Joncs et à Carex, en passant par des zones à Molinie. On y dénombre pas moins de cinq espèces végétales protégées, dont le très rare Pigamon de Bauhin (voir Marais du Dauzet) retrouvé sur le site en 2017. Le site héberge également la plus belle station départementale de Damier de la Succise (voir Faune). La présence de ces milieux riches et hétérogènes est liée à la gestion extensive de la prairie par le GAEC de Loblaz (Chaumont), qui bénéficie pour cela d’aides européennes (MAEC).
Etangs et mare du Dauzet
Deux étangs ont été creusés il y a plus de 20 ans sur une propriété communale située au sud du Marais du Dauzet. Ils hébergent une faune d’intérêt (Amphibiens et Odonates) et leurs rives sont colonisées par une végétation abondante : Roseau (Phragmites australis), Laiche élevée (Carex elata), etc. Dans l’étang sud, une belle population de Faux Nénuphar (Nymphoides peltata) s’est développée. Au nord, une mare forestière a été creusée en 2014, dans le cadre du programme d’actions Natura 2000.
Afin d’éviter l’eutrophisation et le comblement des plans d’eau, il apparait aujourd’hui opportun de programmer des travaux de gestion. Ceux-ci consisteront d’une part à supprimer la végétation ligneuse qui a envahie les berges (en conservant quelques bosquets) pour permettre à une prairie humide de se réinstaller et d’autre part à curer les étangs. Un inventaire complémentaire des hélophytes et hydrophytes présentes pourra être envisagé.
Le marais des Hospices
Acquis en partie par le Syndicat Intercommunal du Vuache (SIV) en 2015, ce marais de quatre hectares souffre d’un abandon de longue date, avec un important envahissement par la végétation ligneuse arbustive (Bourdaine, Pin sylvestre, Frêne, Saule etc.). Les opérations de gestion initiées dès la première année ont permis de débroussailler les zones ouvertes à Molinie et à Choin noirâtre et de maitriser l’avancée des lisières (intervention de l’ISETA). Chaque été au mois de juillet, l’équipe technique du SIV procède à la fauche du Solidage géant (espèce exotique invasive). Le site accueille également depuis 2015 une population réimplanté d’Œillet superbe (espèce protégée en France), dont la gestion est financée par la société ATMB (voir Moyens financiers).
Les friches à molinie du Prés Château, du Prés de Vanzy et du Prés de la Bornière
Situées sur les communes de Clarafond-Arcine et de Chaumont, au cœur de la chênaie-charmaie d’intérêt communautaire, ces clairières humides sont installées à la faveur de plaquages de marne et sont alimentées en eaux par des écoulements de surface. Il s’agit essentiellement de friche à molinie mêlées à des cortèges de bas marais à Choin dans les zones les plus engorgées. La Bacchante (Lopinga achine) papillon protégé, est abondante. Des conventions de gestion établies avec les nombreux propriétaires permettent une gestion biannuelle du site (débroussaillement / fauche tous les deux ans).
La friche à molinie du Pré Jarvan
Constituée d’un ensemble de milieux herbacés plutôt secs installés sur argile, le Pré Jarvan, abandonné par l’agriculture et en cours de colonisation par les ligneux, est géré depuis 2007 par le SIV, en partenariat avec l’ISETA. Les 216 espèces végétales inventoriées, dont cinq d’intérêt patrimonial, témoignent de la richesse exceptionnelle du site. On peut également mentionner comme espèce d’intérêt la Pie-grièche-écorcheur (Lanius collurio) et la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax) : ce papillon de nuit inféodé aux fruticées de prunellier est rare et protégé en France. Il convient de garder pour cette espèce une lisière ou zone d’ourlets arbustifs.
La friche à molinie du Trembley
Le site présente en partie haute une pelouse sèche orientée sud, piquetée de quelques pins et genévriers; Son aspect global est assez attrayant et le cortège végétal est plutôt diversifié. Il subit cependant graduellement, du nord au sud, l’épaississement de la couche de marne, transformant ce cortège en une végétation de friche à molinie, indicatrice d’un engorgement temporaire des sols. Au sud, le cortège est moins diversifié et subit l’ombrage de la pinède. Une convention de gestion établie avec l’agriculteur permet une gestion biannuelle du site (débroussaillement / fauche tous les deux ans).
Aux Teppes
Propriété de la Fondation Nationale pour la Protection des Habitats Français de la Faune Sauvages, le site est composé de huit parcelles, soit plus de 17,5 hectares. Il est caractérisé par l’hétérogénéité des milieux présents : pelouses sèches, friches à molinie et prairies humides. Certains secteurs ont fait l’objet de travaux de restauration en 2015 (
broyage de la végétation ligneuse envahissante par l’entreprise C. VISTALLI). L’agriculteur s’est ensuite engagé à entretenir les prairies restaurées, par broyage léger ou pâturage adapté.
Biotope protégé de Champ Vautier
La friche à molinie sur argile de Champ Vautier (commune de Chevrier) constitue un milieu original pour le secteur. Les conditions de sol particulières, dues à la présence d’une couche d’argile affleurante, engendrent une végétation caractéristique dominée par une graminée typique, la Molinie bleue. Les pins sylvestres et les genévriers qui s’y développent créent un paysage rappelant les pinèdes méditerranéennes. La strate herbacée se singularise par sa richesse en orchidées. Les friches abritent un grand nombre d’insectes : criquets, sauterelles et papillons. Les flaques qui jalonnent les sentiers traversant les sites sont favorables au crapaud sonneur à ventre jaune, espèce d’intérêt européen.
ARRETE N°DDEA-2009.32 du 19 janvier 2009