La gestion des milieux naturels

Le Pays du Vuache est constitué de deux grands ensembles naturels distincts : la montagne du Vuache (et le site Natura 2000) d’une part et le piémont du Vuache d’autre part (plaine de la Semine au sud-ouest et plaine du Genevois au nord-est), ponctué de nombreux espaces naturels sensibles.

1. Le site Natura 2000 du « Massif du Mont Vuache »

La montagne du Vuache, une partie de la vallée du Fornant et le Mont de Musièges ont intégré le réseau Natura 2000 en 2006 sous le nom de  » Massif du Mont Vuache « . Le site concerne les six communes riveraines du Vuache (Chevrier, Vulbens, Dingy-en-Vuache, Savigny, Chaumont et Clarafond-Arcine) ainsi que les communes de Musièges et Contamines-Sarzin, et couvre une surface de 2050 ha.
Du fait de la présence de nombreuses espèces (oiseaux notamment) et de plusieurs habitats d’intérêt communautaire (IC), le site a été désigné au titre des deux directives : Directive « Oiseaux » le 24 avril 2006 (site n° FR n°8212022) et Directive « Habitats Faune Flore » le 17 octobre 2008 (site n° FR n°8201711).
Ce classement a apporté un label supplémentaire au territoire, attestant de la richesse, de la qualité et de la diversité des différents milieux présents sur ce site.
Au sein de ce périmètre Natura 2000, on distingue quatre grands types de formations végétales :

1.1 Les prairies sèches

Les prairies sèches sont des prairies d’herbes basses, essentiellement composées de plantes vivaces de hauteur moyenne (20 cm) et de graminées. Elles se développent sur des sols peu épais, assez pauvres en nutriments et ne retenant pas l’eau.

La plupart des prairies sèches sont apparues sur des milieux boisés, qui ont été défrichés puis entretenus grâce à l’activité agricole (pâturage, fauche).

1.1.2 Les prairies sèches autour du village de Chaumont

On dénombre autour du village de Chaumont plusieurs prairies sèches remarquables : au sud, les ruines du Château et le rocher Bataillard, et au nord, le Mont et les Roches.
Ces pelouses sèches calcicoles (sur sol calcaire) sont très favorables à l’installation d’une grande diversité de taxons et notamment aux espèces xérothermophiles (qui aiment les milieux secs et chauds).
Outre la richesse floristique singulière de ces prairies, c’est la grande diversité d’insectes qui les rend particulièrement intéressantes, notamment pour les papillons de jour (plus d’une cinquantaine d’espèces). Les travaux de gestion sont confiés à l’ISETA.

1.1.1 Les prairies sèches du Clos Digny

Situées au sein du périmètre Natura 2000 du « Massif du Mont Vuache », les prairies sèches du Clos Digny (commune de Musièges) font l’objet depuis 2011 de travaux de restauration et d’entretien.

Une convention de gestion est signée avec les propriétaires et permet au SIV d’assurer la maitrise d’ouvrage des travaux, financés en partie par l’Europe et l’Etat français. Ceux-ci sont confiés à l’entreprise spécialisée Christian VISTALLI et aux élèves de l’ISETA (Institut des Sciences de l’Environnement et des Territoires d’Annecy).

Un inventaire de la flore réalisé en 2013 a montré la richesse exceptionnelle du site avec 205 espèces inventoriées !

1.1.3 Les pâturages du Vuache

Réhabilités en 2002, les huit hectares de pâturage du Vuache sont aujourd’hui entretenus par un troupeau de génisses appartenant à Frédéric FOL, agriculteur à Savigny.

En 2016, une réserve d’eau de 30 m3 (citerne souple autoportante) a été installée et permet aujourd’hui aux génisses de rester jusqu’à la fin du mois d’août. La pression de pâturage augmentant, le SIV pourra bientôt s’affranchir des interventions mécaniques automnales destinées à broyer la végétation ligneuse (arbustes) non consommée.

En 2017, le Département de la Haute-Savoie s’est porté acquéreur de la partie sommitale des pâturages, qui est devenue le 10ème site départemental ENS (Espace Naturel Sensible).

1.1.4 Les vires herbeuses du versant sud-ouest du Vuache

Situées sur le versant sud-ouest du massif, entre les escarpements rocheux, ces prairies sèches font l’objet d’une attention toute particulière de la part des naturalistes du SIV, car elles hébergent plusieurs populations d’espèces rares dans le département (voir « Flore »). On y trouve en effet le magnifique Lis orangé et la Serratule à tige nue, considérée comme « En danger » en Haute-Savoie.

Abondantes il y a encore une vingtaine d’années sur le Vuache, ces espèces se font aujourd’hui plus rares et différentes études sont menées pour évaluer les facteurs qui limitent le développement des populations : cueillette, sécheresse, broutage par le chamois ?

Le versant sud-ouest du massif du Vuache est protégé par un arrêté préfectoral : ARRETE N°DDT-2018-665 du 2 mars 2018

1.1.5 Les prairies sèches autour d’Entremont

A l’extrémité nord-ouest du Vuache, autour du hameau d’Entremont (commune de Clarafond-Arcine) deux très belles pelouses sèches font l’objet depuis 2010 d’une gestion par le SIV. La première, située au-dessus de la route départementale 908a, héberge plusieurs espèces intéressantes, dont l’Aster amelle (Asters amellus), protégée en France, et l’Armoise blanche (Artemisia alba), sur liste rouge départementale. La seconde est située sous la carrière dite « Au-Devant ». Les propriétaires de ces parcelles ont confié au syndicat (par convention) la gestion de ces espaces naturels sensibles.

1.1.6 La prairie sèche du Pré du Feu

Reconnu par les botanistes haut-savoyard comme la plus belle prairie sèche du Vuache, le Pré du Feu, propriété privée, recèle des espèces végétales très rares, dont le Thésium à feuille de lin (Thesium linophyllon), seule localité départementale. On y rencontre également une belle population d’Aspérule des teinturiers (Asperula tinctoria). De grande valeur patrimoniale, il est important de maintenir cette prairie ouverte par débroussaillage et fauche tardive, en particulier dans la partie nord. La gestion commencée en 2016 va donc se poursuivre.

1.1.7 La Prairie sèche de Champs Masson

Exploitée par le GAEC « Perce Neige » de Chaumont, cette prairie est valorisée depuis 2015 par la mise en place de Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) : absence de fertilisation, fauche tardive, etc. La même année, le Syndicat Intercommunal du Vuache a eu l’opportunité d’acquérir un lot de cinq parcelles englobant cette pelouse sèche. L’exploitation se poursuit aujourd’hui avec le GAEC, qui reconduit chaque année sa gestion en faveur de la biodiversité.

1.1.8 Les Teppes de Chaumont

Propriété de la Fondation Nationale pour la Protection des Habitats Français de la Faune Sauvages, le site est composé de huit parcelles, soit plus de 17,5 hectares. Il est caractérisé par l’hétérogénéité des milieux présents : pelouses sèches, friches à molinie et prairies humides. Certains secteurs ont fait l’objet de travaux de restauration en 2015 (broyage de la végétation ligneuse envahissante par l’entreprise C. VISTALLI). L’agriculteur s’est ensuite engagé à entretenir les prairies restaurées, par broyage léger ou pâturage adapté.

1.2 Les zones humides

D’après la loi sur l’eau de 1992, les zones humides sont des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».

Les milieux humides sont des écosystèmes riches et diversifiés (tourbières, marais, mares, prairies humides…) qui assurent des services écosystémiques comme la régulation de la ressource, la régulation des débits de crues (zone tampon), l’alimentation des nappes phréatiques, tout en retardant les effets de la sécheresse, la régulation de la qualité de l’eau (diminution des coûts de traitement des eaux en stations) et le captage du carbone, encore plus que les forêts !

1.2.1 Marais du Dauzet

Ce bas marais alcalin, situé au sud du motocross de Chaumont, est caractérisé au nord par une zone humide constituée de touradons de Choin noirâtre (Schoenus nigricans), piqueté de Bourdaine (Frangula alnus), et au sud par une zone plus sèche régulièrement fauchée. On y connait de longue date trois espèces protégées à l’échelle régionale : l’Orchis odorant (Gymnadenia odoratissima), le Laser de Prusse (Laserpitium prutenicum) et le Pigamon de Bauhin (Thalictrum simplex subsp. tenuifolium). Ce dernier trouvait ici sont unique station en Haute-Savoie. Malheureusement, l’espèce n’a pas été revue depuis cinq ans. Un piézomètre (appareil qui mesure les niveaux de la nappe phréatique) installé sur le site en 2015, a mis en évidence la sécheresse estivale marquée de 2016 ainsi que l’hiver et le printemps très secs de 2017. Ces facteurs ont probablement un lien avec la disparition du Pigamon.

1.2.2 Prairie humide du Dauzet

Située non loin du marais du même nom, cette prairie humide présente des caractéristiques écologiques exceptionnelles avec une mosaïque de milieux naturels allant des pelouses calcaires à Brome (Mesobromion) aux groupements à Joncs et à Carex, en passant par des zones à Molinie. On y dénombre pas moins de cinq espèces végétales protégées, dont le très rare Pigamon de Bauhin (voir Marais du Dauzet) retrouvé sur le site en 2017. Le site héberge également la plus belle station départementale de Damier de la Succise (voir Faune). La présence de ces milieux riches et hétérogènes est liée à la gestion extensive de la prairie par le GAEC de Loblaz (Chaumont), qui bénéficie pour cela d’aides européennes (MAEC).

1.2.3 Etangs et mare du Dauzet

Ce bas marais alcalin, situé au sud du motocross de Chaumont, est caractérisé au nord par une zone humide constituée de touradons de Choin noirâtre (Schoenus nigricans), piqueté de Bourdaine (Frangula alnus), et au sud par une zone plus sèche régulièrement fauchée. On y connait de longue date trois espèces protégées à l’échelle régionale : l’Orchis odorant (Gymnadenia odoratissima), le Laser de Prusse (Laserpitium prutenicum) et le Pigamon de Bauhin (Thalictrum simplex subsp. tenuifolium). Ce dernier trouvait ici sont unique station en Haute-Savoie. Malheureusement, l’espèce n’a pas été revue depuis cinq ans. Un piézomètre (appareil qui mesure les niveaux de la nappe phréatique) installé sur le site en 2015, a mis en évidence la sécheresse estivale marquée de 2016 ainsi que l’hiver et le printemps très secs de 2017. Ces facteurs ont probablement un lien avec la disparition du Pigamon.

1.3 Les friches à molinie sur argile 

Les friches à molinie sur argile font partie des espaces naturels à forte richesse environnementale. Elles sont installées sur des sols argileux, engorgés en hiver et au printemps, parfois extrêmement secs en été. Ces friches regroupent différentes formations végétales, allant de stades très ouverts (prairie à molinie), à des stades plus forestiers (pinèdes claires ou plus denses).

Les prairies à molinie sont d’une grande richesse biologique et constituent un habitat reconnu d’intérêt communautaire. Elles abritent de nombreuses espèces d’orchidées ainsi qu’une faune très diversifiée (papillons, reptiles, etc.).

1.3.1 Les friches à molinie du Prés Château, du Prés de Vanzy et du Prés de la Bornière

Situées sur les communes de Clarafond-Arcine et de Chaumont, au cœur de la chênaie-charmaie d’intérêt communautaire, ces clairières humides sont installées à la faveur de plaquages de marne et sont alimentées en eaux par des écoulements de surface. Il s’agit essentiellement de friche à molinie mêlées à des cortèges de bas marais à Choin dans les zones les plus engorgées. La Bacchante (Lopinga achine) papillon protégé, est abondante. Des conventions de gestion établies avec les nombreux propriétaires permettent une gestion biannuelle du site (débroussaillement / fauche tous les deux ans).

1.3.2 La friche à molinie du Pré Jarvan

Constituée d’un ensemble de milieux herbacés plutôt secs installés sur argile, le Pré Jarvan, abandonné par l’agriculture et en cours de colonisation par les ligneux, est géré depuis 2007 par le SIV, en partenariat avec l’ISETA. Les 216 espèces végétales inventoriées, dont cinq d’intérêt patrimonial, témoignent de la richesse exceptionnelle du site. On peut également mentionner comme espèce d’intérêt la Pie-grièche-écorcheur (Lanius collurio) et la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax) : ce papillon de nuit inféodé aux fruticées de prunellier est rare et protégé en France. Il convient de garder pour cette espèce une lisière ou zone d’ourlets arbustifs.

1.4 Les milieux forestiers

1.4.1 Les placettes à Gélinotte des Bois

La Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), de la famille des tétraonidés, est un oiseau montagnard que l’on rencontre ponctuellement sur le massif du Vuache. L’oiseau connaît cependant depuis une trentaine d’années une baisse significative de ses effectifs. L’absence de zones de refuges hivernales due au vieillissement du taillis semble être la principale cause de cette régression (raréfaction des milieux forestiers fermés). En 2003, les élus du SIPCV ont par conséquent souhaité s’engager dans des opérations de réhabilitation de milieux favorables à la Gelinotte des bois. Une vingtaine de trouées (placettes) ont donc été réalisées dans le milieu forestier. L’objectif étant de fournir, à plus ou moins long terme, un taillis correspondant à l’habitat de prédilection de l’oiseau. Certaines essences favorables à l’espèce telles que les alisiers, saules, noisetiers, aubépines, aulnes, ont été épargnées.

En 2005, en collaboration avec l’Observatoire des Galliformes de Montagnes (OGM), une nouvelle méthode de suivi des populations a été mise en place, différente de la précédente qui n’était plus fiable*. Cette méthode dite « IPPC » consistait à suivre l’évolution de la population par la recherche d’  « Indices de Présence Par Cercles » : traces, plumes, crottes,  etc. 200 points, chacun espacés de 200 mètres, ont ainsi été positionnés de façon aléatoire sur le massif du Vuache et ont fait l’objet d’un suivi hivernal annuel. Après six années de suivi, une tendance à la diminution de la population semblait se confirmer.

*Méthode des rappels utilisée depuis 1986 par l’Office National des Forêts (ONF) et l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS).

Enfin, la volonté unanime des responsables cynégétiques locaux de ne plus prélever de Gélinotte des bois sur le Massif du Vuache a été renforcée en 2008 par un arrêté préfectoral interdisant la chasse de cette espèce sur toutes les communes du Massif du Vuache et du Mont de Musièges.

Historique des opérations de gestion

Au cours des hivers 2003 et 2004, des travaux de recépage ont été réalisés par une entreprise spécialisée, créant ainsi 22 placettes d’environ 1600 m2 (soit un peu plus de 3.5 hectares), avec abandon des rémanents sur place.

  • 10 placettes sur le Plateau du Carrelet (Savigny),
  • 7 placettes au niveau de l’Oratoire Sainte-Victoire (Chevrier),
  • 1 placette au niveau du Golet du Pey (Dingy-en-Vuache),
  • 4 placettes au niveau de la Grande Combe (Chaumont).

Le choix s’est porté sur des zones pauvres (à très faible potentiel sylvicole) mais intéressantes (favorables à la Gélinotte des bois), sur lesquelles ont été réalisées des coupes à blanc. Ces zones étant difficiles d’accès, l’affouage n’a pas été envisageable.

En 2006 et en 2007, des travaux d’amélioration des placettes ont été réalisés par la même entreprise, consistant à une opération de dépressage du manteau forestier (bande d’environ dix mètres de large, autour de la placette), en favorisant les espèces nourricières (noisetiers, saules, sorbiers, … etc.). Cette opération a permis d’offrir une transition moins marquée entre le milieu ouvert et la forêt, augmentant ainsi les effets de lisières au profit de l’oiseau. Environ deux hectares de forêt ont été traités.

En 2008, une rencontre avec le directeur de l’OGM, Marc Montadert, a permis de dresser un premier bilan des opérations. De nouvelles propositions de travaux ont ensuite été programmées :

  • Favoriser les zones herbeuses (places de nichées) par un jardinage de cépées, afin d’augmenter la lumière au sol,
  • Maintenir l’hivernage des adultes en favorisant les végétaux sempervirents (zones de refuge contre l’Autour des palombes),
  • Améliorer l’habitat en créant un réseau entre les placettes (couloirs) pour ne pas laisser de surfaces non favorable trop importantes.

Les travaux ont été réalisés au cours des hivers 2011 (Plateau du Carrelet) et 2014 (Oratoire Sainte-Victoire).

1.4.2 Les clairières forestières du Vuache

Réalisées en 2013 et en 2014 par l’ONF, dans le cadre d’un contrat forestier Natura 2000, les 37 clairières forestières sont destinées à renforcer la biodiversité au sein des forêts du Vuache. Pour 27 clairières, difficile d’accès, les rémanents (branches et troncs) ont été laissés sur place, mais systématiquement mis en andain, de manière à limiter l’emprise au sol. Les dix clairières facilement accessibles ont été confiées à des affouagistes. Les grumes ont alors été enlevées et les branches ont été stockées en périphérie.

Ces aménagements permettent de recréer des milieux ouverts, terrains de chasse des Chiroptères (Chauves-souris) ainsi que des « écotones », zones de transition écologique entre forêt et milieu ouvert, riches en diversité biologique et favorables à de nombreuses espèces remarquables tel que le Lynx ou la Gélinotte des Bois.

1.4.3 Les forêts de pentes et éboulis du Vuache

Installés sur les versants sud-ouest du Vuache et sud du Mont de Musièges, ces milieux naturels d’intérêt ont bénéficié en 2014 de travaux forestiers Natura 2000 (ONF) destinés à ouvrir les secteurs les plus boisés. En effet, ce sont des zones potentiellement favorables à la nidification de deux espèces d’oiseaux remarquables : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) et l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus).

2. Les espaces naturels remarquables du piémont et de la plaine :

Ces espaces sont constitués d’une mosaïque de milieux naturels qui leur confèrent une grande valeur biologique avec la présence de nombreuses espèces menacées.

De ce fait ils bénéficient de plusieurs statuts de protection français et font l’objet de mesures de gestion.

2.1 Les biotopes protégés par arrêtés préfectoraux

2.1.3 Biotope protégé de Champ Vautier

La friche à molinie sur argile de Champ Vautier (commune de Chevrier) constitue un milieu original pour le secteur. Les conditions de sol particulières, dues à la présence d’une couche d’argile affleurante, engendrent une végétation caractéristique dominée par une graminée typique, la Molinie bleue. Les pins sylvestres et les genévriers qui s’y développent créent un paysage rappelant les pinèdes méditerranéennes. La strate herbacée se singularise par sa richesse en orchidées. Les friches abritent un grand nombre d’insectes : criquets, sauterelles et papillons. Les flaques qui jalonnent les sentiers traversant les sites sont favorables au crapaud sonneur à ventre jaune, espèce d’intérêt européen.

Arrêté n°DDEA-2009.32 du 19 janvier 2009

2.2 Les boisements humides

2.2.1 Le marais des hospices

Acquis en partie par le Syndicat Intercommunal du Vuache (SIV) en 2015, ce marais de quatre hectares souffre d’un abandon de longue date, avec un important envahissement par la végétation ligneuse arbustive (Bourdaine, Pin sylvestre, Frêne, Saule etc.). Les opérations de gestion initiées dès la première année ont permis de débroussailler les zones ouvertes à Molinie et à Choin noirâtre et de maitriser l’avancée des lisières (intervention de l’ISETA). Chaque été au mois de juillet, l’équipe technique du SIV procède à la fauche du Solidage géant (espèce exotique invasive). Le site accueille également depuis 2015 une population réimplanté d’Œillet superbe (espèce protégée en France), dont la gestion est financée par la société ATMB (voir Moyens financiers).

2.2.2 La rive gauche du Rhône au sud de l’Etournel

Le site se situe dans la continuité du marais de l’Etournel, site Natura 2000, bien connu pour son intérêt ornithologique, situé à cheval sur le Rhône et ses rives avec une partie en rive droite dans le département de l’Ain et une partie en rive gauche dans le département de la Haute-Savoie.

Un observatoire de la faune sauvage a été aménagé en 2023 au lieu-dit Collogny. Par ailleurs, une notice de gestion a été rédigée par le CEN74 (Asters) pour d’éventuelles actions sur les forêts et coteaux de Collogny et de Moissey qui se situent au sud du marais de l’Etournel. En particulier, les forêts de Collogny et de Moissey, anciennes, montrent une surface d’un seul tenant intéressante pour des forêts de plaine à l’échelle de la Haute-Savoie.

2.2.3 Les bois du Ban et bois de la Rippe

Les bois du Ban sont de vastes boisements de plus de 200 hectares situés au pied du Mont Sion, qui s’étendent sur quatre communes : Viry, Feigères, Présilly et Vers. L’enjeu majeur de ce site concerne la présence de nombreuses espèces d’amphibiens et les échanges avec les sites boisés alentours : bois de la Rippe et bois Blancs notamment.

Bois du Ban :

La réhabilitation de la piste forestière en 2010 a supprimé les flaques favorables au Sonneur à ventre jaune. Les chantiers bénévoles de restauration, débutés en 2011, ont été poursuivis avec l’éclaircissement du sous-bois, la création de 9 mares et l’information du public. La population de Sonneurs à ventre jaune, en faveur de laquelle les efforts de gestion sont principalement orientés, est en augmentation : 15 individus en 2011 à plus de 160 animaux en 2023 !

Bois de la Rippe :

Ce secteur abrite de nombreuses espèces protégées qui justifieraient l’extension de l’APPB de la Vigne des Pères :

  • Présence de l’Œillet superbe et du Rosier de France (plantes protégées),
  • Présence dans les mares de 9 espèces d’amphibiens protégés sur 14 espèces vivants en Haute-Savoie,
  • Présence d’un branchiopode connu en France uniquement en Alsace et à Viry.

Le projet d’aménagement d’un passage à amphibiens sur la route départementale située au sud est à l’étude.

2.3 La friche À molinie trembley

Le site présente en partie haute une pelouse sèche orientée sud, piquetée de quelques pins et genévriers; Son aspect global est assez attrayant et le cortège végétal est plutôt diversifié. Il subit cependant graduellement, du nord au sud, l’épaississement de la couche de marne, transformant ce cortège en une végétation de friche à molinie, indicatrice d’un engorgement temporaire des sols. Au sud, le cortège est moins diversifié et subit l’ombrage de la pinède. Une convention de gestion établie avec l’agriculteur permet une gestion biannuelle du site (débroussaillement / fauche tous les deux ans).

2.4 Les corridors biologiques

Le Contrat Corridors Biologiques « Champagne Genevois » s’est déroulé sur cinq ans (2013/2017). Porté par des partenaires français et suisses, il a permis la réalisation de 41 mesures pour protéger, conserver ou recréer ces « couloirs de vie ».

Le Syndicat Intercommunal du Vuache a assuré la maîtrise d’ouvrage de plusieurs fiches actions :

→ Expositions sur les Corridors biologiques

La Maison du Salève, l’Etat de Genève et le SIV ont créé deux expositions itinérantes : « Les corridors de l’amour » et « Les couloirs de la nuit ».

→ Implication participative des habitants

Organisation de chantiers participatifs en faveur des habitats naturels et des espèces d’intérêt patrimonial.

Bois du Ban (Viry) : Vidéo de Georges Carron (2013)

Animation en partenariat avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux de Haute-Savoie (LPO 74), d’un observatoire de la migration face au Défilé de l’Ecluse (Chevrier).

→ Cartographie de la végétation du piémont oriental du Vuache

Etude réalisée par Apollon74 et Asters en partenariat avec le Conservatoire et Jardin Botaniques de la Ville de Genève.

Objectifs :

– Réaliser une carte de végétation du piémont oriental (côté Genevois) du massif du Vuache hors Natura 2000 pour évaluer la qualité écologique des milieux,

– Mettre en place des plans de gestion sur les habitats d’intérêt patrimonial,

– Étudier le potentiel écologique des pinèdes à molinie en voie de fermeture et les possibilités de mettre en place une gestion,

– Étudier les possibilités d’évolution, de gestion et protection autour de l’APPB de Champ Vautier à Chevrier.

→ Gestion des espaces naturels de Viry

Trois fiches actions étaient concernées par cette gestion :
– La fiche n° 62 du contrat concernait l’aménagement et la gestion des secteurs forestiers et agricoles de la Rippe, des Bois Blancs et d’Ogny sur les communes de Viry et Feigères et intègrait la gestion de la Vigne des Pères en tant qu’espace naturel de valeur patrimoniale,
– La fiche n°62 bis permettait de poursuivre la gestion du secteur Repentance – Crêt de Puits,
– Enfin, la fiche n° 69 était destinée à aménager et à gérer les espaces agricoles et forestiers des Bois du Ban et notamment les mares à Crapaud sonneur.

2.5 Les vergers traditionnels de plein vent (communaux et privés)

Depuis près de vingt ans, les syndicats du Salève et du Vuache mènent conjointement des actions de conservation des vergers de haute-tige, patrimoine paysager, naturel et culturel de cette partie du département. Le soutien du Conseil départemental depuis 2009 a permis de développer les actions de formations, de plantation et de sensibilisation. Aujourd’hui, devant l’intérêt porté par les élus et les propriétaires, il est nécessaire d’accentuer l’effort de conservation face à une pression foncière croissante, le vieillissement des arbres et le peu d’implication des agriculteurs opéré jusqu’à présent.

2.5 Les prairies naturelles extensives

2.5.1 Les prairies naturelles du piémont

Pour limiter la fermeture du paysage, le Syndicat Intercommunal du Vuache organise régulièrement des campagnes de restauration de prairies naturelles pâturées, menacées d’embroussaillement et situées sur le piémont de la montagne. Après études des candidatures, des conventions sont signées avec les agriculteurs, qui participent financièrement aux travaux de broyage des parcelles retenues. C’est l’entreprise spécialisée C. VISTALLI qui intervient. Les agriculteurs s’engagent ensuite à entretenir les prairies restaurées, par broyage léger ou pâturage adapté.

Syndicat Intercommunal du Vuache
Mairie, 1 rue François Buloz
74520 VULBENS

syndicat.vuache@orange.fr

04 50 04 62 89