Le Rhône dépasse les bornes

Bienvenue sur la boucle transfrontalière « Sur le sentier des douanes » située dans les bois de Vosogne (Valleiry) et de Fargout (Chancy).

Le Canton de Genève et le département de la Haute-Savoie sont liés par 64.7 km de frontière.

La frontière est matérialisée par des repères, principalement des bornes frontières en pierre ou des chevilles en laiton. Les repères doivent être durables et pouvoir être visibles en tout temps sur toute l’étendue du tracé.

Sur les bornes en pierre, on distingue :

  • Le numéro de la borne : dans la série, une lettre ou un chiffre supplémentaire signifie que la borne a été rajoutée entre deux bornes existantes.
  • Le tracé de la frontière : un trait droit vers la borne précédente ou suivante, sinueux si un cours d’eau fait frontière.
  • Le millésime : année de pose de la borne. Plusieurs millésimes indiquent que la borne a été déplacée.
  • Un blason de chaque côté, correspondant aux deux Etats. Selon l’emplacement, «S» signifie Suisse ou Sardaigne. L’aigle peut être genevois ou sarde. «G» signifie Genève.

Certaines bornes frontières sont absolument remarquables de par leurs emplacements ou par la diversité des formes, blasons ou inscriptions qui les ornent. Elles illustrent l’évolution des Etats ayant occupé et délimité les territoires au fil du temps, ainsi que les spécificités géographiques des lieux. Elles constituent de véritables petits monuments historiques.

La borne N°1 (ou de Vers-Vaux), par exemple, est une magnifique borne-frontière datée de 1816, richement sculptée. Elle oppose l’aigle aux ailes déployées du royaume de Sardaigne aux armoiries genevoises. Elle marque le point le plus occidental de la Suisse à laquelle Genève a adhéré en 1815. Cette borne constitue un jalon sur l’ancienne voie très fréquentée au XVIIe et XVIIIe siècle menant de Chancy au Vuache, tombée aujourd’hui en désuétude.

Pour en savoir plus : www.christinameissner.com/wpsite/wp-content/uploads/2020/08/Panneaux_bornes_V7.pdf

Sources :

  • Sentier des bornes (Fondation Re-Borne / Etat de Genève OCAN)
  • Guide de découverte du patrimoine transfrontalier : les chemins du bassin genevois – Slatkine

Les trois terrasses successives sculptées par le Rhône dans les alluvions fluvio-glaciaires, correspondent à trois niveaux d’enfoncement du fleuve.

L’histoire de la plaine lémanique est une répétition de phénomènes géologiques énormes, tels que l’avancée et le recul de la mer qui est venue inonder nos régions en plusieurs longues périodes, suivis par l’avancée et le recul des glaciers dont les cycles s’étalent sur plus de 100 000 ans. La glaciation la plus rude – et celle pendant laquelle les glaciers se sont le plus allongés – est la dernière (Würm). Le glacier du Rhône glissait sur notre territoire sur une épaisseur de 800 à 1000 m.

Le Rhône genevois apparaît à la fin de l’ère tertiaire, après le retrait de la mer. Le bassin de Genève est alors traversé d’est en ouest par un Rhône primitif qui n’a laissé d’autre trace visible qu’une gorge profonde entre le Grand Crêt d’Eau (haute chaine du Jura) et le Vuache : le défilé de l’Ecluse. Au début de l’ère quaternaire, le climat, jusqu’alors chaud et sec, devient froid et humide, entraînant au nord de l’Europe et dans les Alpes une extension considérable des glaciers. Celui du Rhône et celui de l’Arve confluent à peu près sur l’emplacement de la ville de Genève actuelle. Ils apportent du Valais et du Mont-Blanc des masses de débris, sous forme de moraines de fond qui recouvrent la molasse et remplissent les sillons creusés par le Rhône primitif. Mais le climat finit par se réchauffer, le glacier fond et recule. Les torrents, issus des glaciers en retrait, délavent les moraines et répandent dans les régions basses les graviers puissants de « l’alluvion ancienne ».

Vers la fin de cette époque de l’alluvion ancienne, le Rhône réapparaît sous forme d’un sillon profond d’au moins 20 mètres, entaillé dans les graviers interglaciaires. Mais cette vallée interglaciaire du Rhône n’a pas le temps d’évoluer beaucoup : 80 000 ans environ avant notre ère, une nouvelle vague de froid ramène pour des millénaires les glaces et les moraines. Les glaciers de cette nouvelle période (Würm) avancent par poussées successives, suivies de légers retraits, et finissent par recouvrir les plaines alluviales et la molasse. Toute la topographie est revêtue d’une nouvelle moraine de fond. Cette glaise bleue et jaune à cailloux striés constitue le sol arable du plateau genevois.

Il y a environ 20 000 ans, les glaciers würmiens fondent à leur tour et reculent par étapes. Le défilé de l’Ecluse, obstrué par un bouchon de matériaux morainiques, retient un lac boueux qui s’élève au moins jusqu’à une altitude de 428 m. Ce lac n’est que l’extrémité aval d’un Léman postglaciaire, plus vaste et plus profond que l’actuel.

Quatre larges cônes torrentiels se déversent dans ce lac et apportent sable et gravier en abondance. Le lac n’a qu’une durée éphémère. L’obstacle morainique du défilé de l’Ecluse, peu résistant par sa nature, cède et le lac se vide jusqu’à un niveau de 408 m environ.

Le Rhône postglaciaire retrouve la vallée interglaciaire et entame le troisième cycle de son histoire. Guidé par cette trace, le fleuve n’hésite pas, il évite de nouveaux obstacles pour créer ses premiers méandres. Son tracé se rapproche de celui de notre époque. Ses méandres s’accentuent et se creusent, façonnés par les soulèvements de terrains. Il en résulte le système de terrasses de plus en plus rapprochées du talweg actuel.

On a pu dater la terrasse moyenne relativement à la préhistoire. Le Rhône coulait à son niveau un peu avant l’époque magdalénienne (environ -17 000 ans).

Sources :

  • Fiche-rivière n°9 « Le Rhône » – DIA / Etat de Genève

https://www.glaciers-climat.com/cg/le-quaternaire-dans-les-alpes/

Histoires de contrebandiers dans le secteur Viry/Valleiry – Des faits-divers relatés dans le journal Le Cultivateur Savoyard

De par sa situation à proximité de la frontière genevoise, le secteur du canton de Saint-Julien-en-Genevois a toujours été le théâtre d’un intense jeu de cache-cache entre les contrebandiers et les douaniers. Mais si la fraude fut pendant longtemps une tradition locale, avec mille astuces pour faire le plein d’essence ou ramener du chocolat de Suisse, certains évènements furent nettement plus tragiques. Ainsi, dans la nuit du 13 mai 1808, un groupe de neuf douaniers français surveille la route entre le hameau d’Essertet et le village de Valleiry. Ils ont été avertis qu’un convoi frauduleux doit emprunter ce chemin pour se rendre à Seyssel. L’information est bonne, car les douaniers arrêtent bientôt trois individus montés sur des chevaux lourdement chargés. Sommés de descendre de leurs montures, les cavaliers font semblant d’obtempérer avant d’ouvrir le feu sur les gabelous qui répliquent aussitôt. Dans la fusillade, deux contrebandiers parviennent à s’enfuir à pied. Une fois le calme revenu, les douaniers découvrent avec stupeur que leur collègue Pierre-François Bresson gît raide mort sur le sol, une balle dans la tête. La vie d’un homme pour un chargement de douze ballots de mousseline anglaise…

Autre fait-divers, plus classique et moins dramatique, du côté de Valleiry. Février 1896, M.M. Calève, Barber et Favre, préposés de la brigade des douanes du pont de Bellegarde, sont en surveillance dans la zone franche, près des bois de Valleiry. S’imaginant tranquilles par ce froid glacial, quatre contrebandiers, chargés chacun d’un ballot, surgissent soudain au coin d’un chemin. Les douaniers tentent alors un encerclement des suspects, mais ceux-ci s’aperçoivent de la manœuvre et détalent vivement. Bien entendu, la poursuite ne donne aucun résultat et les douaniers doivent se contenter de ramener les ballots, qui contiennent tout de même cent kilos de tabac étranger, à la gare de Valleiry.

Textes et cartes postales : Dominique Ernst

Frontière / Axe de communication (vert) :

Longtemps le Rhône fut une frontière naturelle. La situation géographique du canton de Genève fit du fleuve, pendant de longs siècles, une frontière politique entre la rive gauche, peuplée par les Allobroges (Celtes soumis aux romains) et la rive droite, habitée par les Helvètes (Celtes insoumis). Entre 534 et l’an mille environ, Genève ne garde son importance que grâce à la navigation sur le lac et le Rhône, tandis que, durant cette période, beaucoup de villes ne possédant pas un avantage stratégique subissent une décadence générale. Après l’incorporation de la région au royaume franc, le Rhône séparait la Savoie et le royaume de France. Enfin il sépara le royaume de Sardaigne et la France qui étendait ses terres jusqu’à Saint-Jean et ceci jusqu’en 1816, date à laquelle toutes les communes actuelles du canton se rattachèrent à Genève et le canton à la Suisse.

Parallèlement, dès la protohistoire, le Léman et le Rhône furent des axes privilégiés de circulation. Le lac et le fleuve étaient navigables, sauf du Fort l’Ecluse à Génissiat. De nombreux cheminements empruntaient leurs rives ou franchissaient le cours d’eau en des points favorables comme les gués ou les pertes. Les contacts entre les populations en étaient aussi facilités. César déjà, dans ses commentaires sur la Guerre des Gaules, remarquait les possessions des Allobroges sur les deux rives du fleuve et rappelait la tentative des Helvètes d’utiliser le pont de Genève pour traverser le fleuve et pénétrer à l’intérieur de la Province. Genève a toujours eu une position privilégiée, à l’interface du lac Léman et de la route terrestre du Rhône. Port important, défendu par un oppidum, il accueillait les nautes (bateliers) du Rhône et du Léman.

Sources :

  • Fiche-rivière n°9 « Le Rhône » – DIA / Etat de Genève
  • Guide de découverte du patrimoine transfrontalier : les chemins du bassin genevois – Slatkine

Barrage / Electricité (jaune) :

On dénombre aujourd’hui cinq barrages entre Genève et Seyssel :

  • Le barrage du Seujet: De 1894 à 1995, la régulation du niveau du lac se faisait « à la main » à l’aide de rideaux mobiles en bois fixés au pont de la Machine. Le barrage du Seujet a été inauguré en 1995, avec comme objectifs de régulariser le niveau du lac Léman, de moduler le débit du Rhône et de produire de l’électricité. Le barrage est équipé d’une passe à poisson permettant chaque année à 4 000 poissons de remonter le fleuve, ainsi que d’une rampe facilitant le passage des castors. Depuis 2002, l’ouvrage a reçu la certification « naturemade star », un label qui garantit la provenance de l’énergie et la qualité de sa production selon les critères les plus exigeants d’Europe. Ceci lui permet aujourd’hui d’alimenter le produit « Electricité Vitale Vert ».
  • Le barrage de Verbois: Principal ouvrage hydroélectrique du Rhône genevois, le barrage de Verbois a été inauguré en 1944. Il s’agit de la plus grande source de production d’énergie électrique du canton de Genève. Le débit du Rhône permet à Verbois de produire en moyenne 466 GWh par année, soit 15 % de la consommation du canton de Genève. Une passe à poissons permet à différentes espèces de franchir le barrage. Le lac de retenue constitue un refuge d’hiver très apprécié par les oiseaux migrateurs.
  • Le barrage de Chancy-Pougny: La construction de la centrale de Chancy-Pougny commence en 1920. Elle alimente dans un premier temps les usines métallurgiques françaises du Creusot. C’est à partir de 1958 que Genève reçoit de l’électricité produite par cette usine. La centrale est exploitée par la Société des Forces Motrices de Chancy-Pougny, dont les Services Industriels de Genève (SIG) et la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) sont actionnaires. Il s’agit d’un barrage au fil de l’eau : le volume de la retenue étant trop faible, aucun stockage n’est possible. Il bénéficie des modulations de débit effectuées par le barrage du Seujet pour Verbois. En 2014, le barrage connaît d’importantes rénovations : quatre groupes de production sont rénovés (remplacement par des turbines « Francis ») dans l’objectif d’augmenter le débit d’équipement de l’usine qui atteint maintenant une production annuelle de 250 GWh, soit 8.3 % de la consommation du canton de Genève.
  • Le barrage de Génissiat: A cheval entre l’Ain et la Haute-Savoie, le barrage de Génissiat est un site industriel exceptionnel : premier aménagement hydroélectrique construit par la CNR, un ouvrage monumental qui marque le paysage local et l’histoire énergétique française de l’après-guerre… Qualifié de « Niagara français » lors de son inauguration en 1948, le barrage de Génissiat est le pus grand barrage hydroélectrique d’Europe à l’époque. Il alimente Paris en électricité et installe la CNR parmi les grands aménageurs de fleuve. Aujourd’hui il demeure un outil essentiel de la production d’hydroélectricité. Le barrage de Génissiat en quelques chiffres : 104 m de hauteur, 100 m de large à la base, 6 groupes de production (puissance : 420 mégawatts), 10 ans de chantiers (débuté en 1938), 10 % de la production totale d’énergie du Rhône (consommation électrique de 700 000 foyers).
  • Le barrage de Seyssel: Construit en 1952 en travers du Rhône, c’est un ouvrage d’art qui mesure 207 mètres de longueur et atteint une hauteur de 19,3 mètres. Barrage hydraulique, il retient un volume d’eau de 7 600 milliers de m³ sur une surface de 160 hectares. Le barrage de Seyssel est un barrage régulateur. Situé en amont des deux Seyssel (Ain et Haute-Savoie), il évite que les grosses variations du débit du fleuve engendrées par le fonctionnement du barrage de Génissiat inondent ces deux villes. Le barrage fait partie des aménagements du Rhône programmés par la CNR.

Sources :

Argile / Tuiles (rouge) :

La tuilière romaine de Fargout et le chemin creux

Non loin du chemin de crête de l’éperon de Fargout (Chancy / Suisse), un léger tertre creusé en son centre est le seul reste apparent d’une tuilerie romaine fouillée en 1920. Les amas témoignent d’une activité longue et forte sur ce site. La cavité correspond à la chambre de chauffe. Les nombreuses tuileries utilisaient la glaise provenant des couches argileuses déposées lors du dernier retrait glaciaire (environ – 14 000 ans). Les tuilières et les industries primitives, extrêmement voraces en bois, expliquent, en partie, le recul de la forêt du bassin genevois au VIe siècle.

La glaise utilisée pour les tuiles romaines provenait des couches argileuses qui affleurent un peu partout dans les environs. Façonnées à la main, elles étaient marquées à l’ébauchoir ou avec les doigts par les ouvriers-tuiliers, puis mises à sécher avant d’être cuites. Des tuiles portant ces signes ont été retrouvées dans les différents vestiges romains du bassin genevois.

Les usages domestiques du bois (chauffage, construction…), ajoutés aux besoins des industries, ont engendré une importante dégradation de la forêt genevoise. Véritable concentré de bois, le charbon fournit, à poids égal, plus du double de chaleur que le bois brut. Largement utilisé pour atteindre les températures nécessaires à l’extraction du fer à partir de minerai et aux travaux de forge, sa production a épuisé rapidement les forêts.

Longtemps surexploités, ces taillis présentent un aspect dévasté qui était déjà familier aux Romains. De même, en 1663, un rapport sur la forêt communale de Chancy fait remarquer que : « au lieu-dit en Farzout, cette parcelle, autrefois désignée par bois, n’est plus couverte que de broussailles… »

Sources :

Crues / Régulation (bleu) :

En l’état, les crues du Rhône ne posent pas de problèmes majeurs sur le tronçon genevois. Il faut néanmoins signaler que les hauts niveaux du Rhône peuvent entrer en conflit soit avec l’évacuation des réseaux de collecteurs unitaires du canton de Genève, soit avec l’évacuation des crues de l’Arve; une gestion particulière des cas de crues est donc nécessaire.

En outre, compte tenu de l’influence évidente sur l’ensemble du bassin du Rhône, il est parfois demandé au canton de Genève soit de réduire les débits (cas des crues) pour limiter les inondations en France, soit d’augmenter les débits (cas des étiages) pour assurer un refroidissement suffisant des centrales nucléaires présentes sur le Rhône.

Citons toutefois l’énorme crue qui eut lieu en 1999 à Brigue et qui fit d’importants dégâts.

Sources :

  • Fiche-rivière n°9 « Le Rhône » – DIA / Etat de Genève
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