Parcours de découverte du Vuache

Le Parcours de DĂ©couverte du Vuache est constituĂ© de dix stations, proposant chacune un parking et un panneau d’information, qui renseigne le visiteur sur la gĂ©ologie, la faune, la flore ou encore l’histoire du massif du Vuache. Il est accompagnĂ© d’un livret intitulĂ© : « Le Vuache, montagne insolite   » (voir documentation) conçu par Jacques BORDON, naturaliste et Jean CHAROLLAIS, gĂ©ologue.

Les dix panneaux du Parcours de DĂ©couverte du Vuache ont Ă©tĂ© renouvelĂ©s en 2017. Ils n’auraient pu voir le jour sans le soutien du Conseil DĂ©partemental de la Haute-Savoie (le massif du Vuache Ă©tant labellisé Espace Naturel Sensible) et de la SociĂ©tĂ© des Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc (ATMB).

Station 1 : La Pareuse

UN FAISCEAU DE FRACTURES SÉPARANT DES BLOCS DISLOQUES

Cette station qui entame notre parcours de dĂ©couverte est situĂ©e au flanc du Mont de MusiĂšges, au bord de la RD 187. Elle domine le ravin du Fornant et permet d’apercevoir la Cascade de Barbannaz. Quatre thĂšmes principaux sont abordĂ©s dans ce panneau : des notions de stratigraphie, de tectonique, de palĂ©ontologie et d’archĂ©ologie prĂ©historique.

La Stratigraphie ou la science des couches géologiques :

Analyser la succession des strates ou couches de roches est comparable Ă  l’action de feuilleter les pages d’un livre d’histoire. Chacune d’entre elles constitue un rĂ©sumĂ© d’un moment de l’histoire lointaine de notre planĂšte. Les sĂ©diments Ă  l’origine des strates se dĂ©posent horizontalement en gĂ©nĂ©ral dans des mers ou des lacs en se superposant. Cet ordre de dĂ©pĂŽt conduit Ă  une datation relative des couches, les plus anciennes se trouvant en dessous et les plus rĂ©centes au-dessus. AprĂšs consolidation, les sĂ©diments deviennent des roches de nature diverses en fonction des conditions de dĂ©pĂŽt, milieu marin, lacustre, profondeur, etc. Des restes d’ĂȘtres vivants peuvent ĂȘtre conservĂ©s et deviendront des fossiles. GrĂące Ă  des critĂšres variĂ©s portant sur les conditions de dĂ©pĂŽt, le contenu en fossiles, les gĂ©ologues caractĂ©risent les strates correspondant Ă  une pĂ©riode particuliĂšre. Des noms sont donnĂ©s Ă  ces pĂ©riodes et qualifiĂ©s d’étages gĂ©ologiques identifiables par leur contenu en fossiles. C’est la datation relative illustrĂ©e par la colonne stratigraphique ci-contre (Fig. 1a). Secondairement, des Ăąges rĂ©els ont pu ĂȘtre attribuĂ©s Ă  chacun de ces Ă©tages en utilisant de mĂ©thodes complexes basĂ©es sur la dĂ©sintĂ©gration d’élĂ©ments radioactifs au cours de temps gĂ©ologiques.

Pour dĂ©couvrir et dĂ©crire ces strates, il faut profiter des affleurements, c’est-Ă -dire de l’apparition Ă  la surface du sol de ces couches mises Ă  jour par l’érosion ou bien par des travaux humains. Pour connaĂźtre les couches plus profondes, des sondages sont parfois rĂ©alisĂ©s dans le but de rechercher des combustibles fossiles, pĂ©trole ou gaz, (par exemple forage de MusiĂšges), de l’eau potable ou de l’eau chaude gĂ©othermique.

Les fossiles, tĂ©moins du temps et de l’espace : notions de palĂ©ontologie

Les fossiles, traces d’ĂȘtres vivants contemporains de la pĂ©riode de dĂ©pĂŽt des roches, nous renseignent sur les conditions Ă©cologiques qui rĂ©gnaient Ă  ce moment. Par exemple, la prĂ©sence de coquilles d’huĂźtres fossiles tĂ©moigne de l’existence d’une mer peu profonde, tandis que des dents de Rongeurs attestent que les sables qui les contiennent, se sont dĂ©posĂ©s en milieu continental avec riviĂšres, lacs et terres Ă©mergĂ©es. En outre, certains ĂȘtres vivants ont subi une Ă©volution rapide, ce qui fait que chaque espĂšce caractĂ©rise une courte pĂ©riode de dĂ©pĂŽt. Ces fossiles permettent ainsi de dater prĂ©cisĂ©ment les strates qui les contiennent. C’est ainsi que les molasses visibles dans le ravin du Fornant, dĂ©posĂ©es dans des plaines alluviales entre 28 et 20 millions d’annĂ©es avant nous, sont prĂ©cisĂ©ment datĂ©es par des dents de petits Rongeurs trouvĂ©es en abondance dans ces couches.

La tectonique :

Ce terme ne dĂ©signe pas seulement une nouvelle danse dans le vent. Cette partie de la gĂ©ologie dĂ©crit les dĂ©formations parfois gigantesques subies par la croĂ»te terrestre. Elle s’envisage au niveau local ou rĂ©gional, et au niveau global, elle explique les modifications de la gĂ©ographie mondiale issue du dĂ©placement des plaques qui constituent la croĂ»te terrestre.

Le panorama depuis la station 1 est exemplaire Ă  cet Ă©gard. Les forces considĂ©rables issues du rapprochement de la plaque africaine en direction de la plaque eurasiatique, s’exercent sur les strates calcaires du jurassique supĂ©rieur et du crĂ©tacĂ© infĂ©rieur. Il en rĂ©sulte des plissements, des fractures ou failles Ă  l’origine du paysage actuel. A la fin du 19Ăšme siĂšcle, un gĂ©ologue genevois, Hans Schardt, a donnĂ© une interprĂ©tation de ce paysage chaotique (Fig. 1b). Depuis, de nouvelles analyses ont permis de prĂ©ciser le dĂ©placement relatif de ces diffĂ©rents blocs. Le schĂ©ma interprĂ©tatif ci-dessous (Fig. 1c) montre la complexitĂ© du rĂ©seau de failles qui affectent la Montagne du Vuache. On peut constater que la « faille du Vuache » est un accident complexe qui se dĂ©compose en plusieurs branches entre lesquelles, les blocs de calcaire massif sont trĂšs chahutĂ©s. L’accident principal ou « dĂ©crochement du Vuache » est responsable du dĂ©calage du Mont de MusiĂšges. Avant ces mouvements, c’est l’emplacement du village de Champfromier actuel (dans l’Ain) qui se trouvait Ă  la place du Malpas !

Un peu de préhistoire

Au fond du ravin, en bordure du Fornant et protĂ©gĂ© par des falaises en surplomb, une cabane nĂ©olithique a Ă©tĂ© construite par nos lointains ancĂȘtres. Les fouilles effectuĂ©es par le Genevois Adrien Jayet dans les annĂ©es 30, ont permis de reconstituer un peu leur mode de vie et l’environnement dans lequel ils Ă©voluaient. Ils taillaient finement le silex et polissaient des roches dures pour en faire des armes et des outils (Fig. 1d et 1e). Ils travaillaient l’argile pour en obtenir des objets utilitaires en poterie. C’est d’ailleurs la facture de ces cĂ©ramiques qui permet de dater assez prĂ©cisĂ©ment cette pĂ©riode qui remonterait Ă  la civilisation dite de Cortaillod du nom de la localitĂ© suisse oĂč cette industrie a Ă©tĂ© dĂ©crite. Nous sommes entre 3900 et 3500 ans avant JC. Les reliefs osseux des repas permettent d’une part de constater que les Hommes du nĂ©olithique pratiquaient l’élevage du porc et du bƓuf notamment, mais qu’ils se livraient Ă  la chasse du Cerf et du Bouquetin par exemple. Nous sommes Ă  une pĂ©riode de transition vers une sĂ©dentarisation avec un dĂ©veloppement de l’agriculture et de l’élevage. Auparavant, nos ancĂȘtres Ă©taient des chasseurs-cueilleurs, se dĂ©plaçant en fonction de la gĂ©nĂ©rositĂ© du milieu en gibier et ressources vĂ©gĂ©tales alimentaires. C’est ainsi que vivaient les Hommes du MagdalĂ©nien, installĂ©s temporairement dans un abri sous roche au sud du Mont de MusiĂšges, prĂšs du Pont des Douattes. Entre – 13500 et – 10000 avant JC, ces Hommes PalĂ©olithique supĂ©rieur (ou de la Pierre TaillĂ©e) chassaient le Renne, l’Elan, le Cerf, les Chevaux sauvages dans un environnement steppique encore trĂšs froid, juste aprĂšs la fonte des derniers glaciers locaux. Ils taillaient le silex, travaillait l’os et portaient des objets de parure travaillĂ©s Ă  partir de coquillage marins ou de dents d’animaux, ce qui dĂ©montre d’une part des prĂ©occupations esthĂ©tiques et d’autre part que des Ă©changes pouvaient se faire avec des peuples proches de la mer.

Voici pour commencer ce voyage dans le temps et l’espace en prenant comme fil rouge les 10 panneaux du parcours de dĂ©couverte du Vuache.

Station 2 : Le Pont de Pissieu

DES MARMITES SOUS LE PONT ROMAIN

A l’occasion de ce panneau, plusieurs thĂšmes seront dĂ©veloppĂ©s ici, relevant de l’histoire, de la gĂ©ologie, de l’hydrogĂ©ologie et de la vie religieuse.

Un Pont romain ?

MĂȘme si ce pont qui enjambe le Fornant de son Ă©lĂ©gante arche est traditionnellement nommĂ© « Pont Romain », il est en rĂ©alitĂ© beaucoup plus rĂ©cent, comme en tĂ©moigne l’inscription « 1721 » gravĂ©e sur le parapet oriental.

Il est constituĂ© de blocs calcaires maintenus entre eux par un systĂšme de tenons et mortaises, et prĂ©sente deux parapets dissemblables. Ceci tĂ©moigne probablement d’époques de construction diffĂ©rentes. MĂȘme s’il est relativement rĂ©cent, (18Ăšme siĂšcle), il est probablement construit Ă  l’emplacement d’un ouvrage plus ancien sur des voies antiques avĂ©rĂ©es. On peut imaginer un guĂ© juste en amont du pont praticable en basses eaux, mais sans preuves. Quoiqu’il en soit, ce petit ouvrage trĂšs Ă©lĂ©gant qui enjambe le torrent du Fornant, offre de magnifiques points de vue sur les marmites de gĂ©ant et sur la cascade de Barbannaz.

Une érosion karstique spectaculaire

Juste en amont et sous le pont, le Fornant s’enfonce dans un Ă©troit canyon creusĂ© dans le calcaire massif Urgonien (datant de la fin du CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur ; voir Fig. 1c dans le descriptif de la station 1).

Deux explications principales peuvent ĂȘtre proposĂ©es quant au mĂ©canisme de creusement et d’enfoncement du lit de la riviĂšre.

On peut observer facilement des « marmites de gĂ©ant », sortes de cavitĂ©s circulaires de dimension mĂ©trique. Celles-ci sont dues Ă  l’action abrasive de galets de roches dures mis en rotation par des mouvements tourbillonnaires de l’eau du torrent. La rĂ©union de plusieurs marmites disposĂ©es en files, peut donner naissance Ă  un Ă©troit canyon.

On peut imaginer aussi que ces cavitĂ©s rĂ©sultent d’une ancienne Ă©rosion karstique par dissolution chimique ayant affectĂ© les calcaires urgoniens lors de phases d’émersion du dĂ©but de l’ùre tertiaire.

Des cavitĂ©s de ce type remplies de grĂšs et sables ferrugineux sidĂ©rolithiques (voir station 1) sont visibles le long de la RD 187 au Mont de MusiĂšges. DĂ©barrassĂ©es de leur contenu, elles ont pu ĂȘtre Ă  l’origine de ce creusement.

A la sortie du canyon, le Fornant plonge d’une hauteur de 50 m, formant la cascade de la Barbannaz, particuliùrement spectaculaire, vue depuis l’aval au bout d’un sentier pas toujours facile d’accùs depuis Frangy. D’autres accùs sont possibles depuis le Malpas ou depuis la route de Musiùges.

   

Le Fornant, riviĂšre vivante

Ce beau torrent au cours vif vĂ©hicule une eau froide et bien oxygĂ©nĂ©e, en principe propice Ă  la vie piscicole. On y rencontre quelques poissons typiques de la « zone Ă  truites » de ce type de cours d’eau :

La Truite fario (Salmo trutta fario)

La Loche (Cobitis taenia)

Le Chabot (Cottus gobio)

Le Blageon (Leuciscus soufia)

L’Ecrevisse Ă  pattes blanches (Austropotamobius pallipes), espĂšce typique des riviĂšres et ruisseaux aux eaux pures, a disparu rĂ©cemment suite Ă  des pollutions accidentelles. Cette espĂšce est globalement en rĂ©gression sur toute son aire de rĂ©partition et fait l’objet de mesures de suivi et de protection aux niveaux europĂ©en et national.

 

La vie religieuse locale

C’est le fait que le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle traverse notre territoire, qui nous amĂšne Ă  Ă©voquer ce sujet particulier et privĂ©. En effet, le GR 65 (Route de GenĂšve ou Via Gebennensis) qui relie le Puy en Velay Ă  GenĂšve, constitue une des voies de ce grand pĂšlerinage. De Frangy, le chemin gagne Chaumont et le Malpas, traverse le Pont de Pissieu, de lĂ  se dirige vers le SalĂšve en passant par Contamine-Sarzin. De Chaumont Ă  Saint-Blaise, il se confond avec le GR Balcon du LĂ©man qui parcourt le Vuache et le SalĂšve dans son vaste pĂ©riple autour du Lac LĂ©man.

Le long de ce trajet, fort prisĂ© actuellement, se succĂšdent de nombreux pĂšlerins qui profitent ici de paysages variĂ©s, de points de vue spectaculaires et d’une nature riche et prĂ©servĂ©e.

Il est opportun d’évoquer ici la nouvelle Paroisse « Saint-Jacques-Val-Des-Usses », qui regroupe 16 anciennes paroisses et qui tire son nom, d’une part du passage de ce chemin pĂšlerin et de la riviĂšre voisine qui la limite sur sa bordure sud. Sur la carte ci-dessous, le nom des saints Patrons des anciennes Paroisses est indiquĂ© entre parenthĂšse.

Station 3 : La carriĂšre du Malpas

LES MOUVEMENTS DE LA FAILLE DÉVOILES

Faille ou décrochement ?

La station du Malpas est l’occasion d’évoquer un peu plus en dĂ©tail cet accident tectonique remarquable connu sous le nom de « Faille du Vuache » et ses consĂ©quences sur les risques naturels locaux. En rĂ©alitĂ©, cette cassure des couches gĂ©ologiques est plus complexe et joue (ou a jouĂ©) dans deux directions perpendiculaires. Verticalement, le flanc nord-est s’est soulevĂ© de prĂšs de 800 m entraĂźnant la formation de falaises bien visibles dans le paysage. Ces mouvements liĂ©s Ă  une fracture profonde du socle ancien, se sont manifestĂ©s jusqu’à la fin de l’ùre tertiaire. ConsĂ©cutivement aux derniers mouvements de la surrection des Alpes, et lorsque le relief jurassien s’est mis en place vers le dernier tiers de la mĂȘme Ă©poque, le compartiment a coulissĂ© d’une dizaine de km vers le nord –ouest le long de ce que l’on appelle un « dĂ©crochement ». C’est ce mĂȘme accident tectonique qui est responsable de la surrection du Mont de MusiĂšges et, plus loin, de la Montagne de la Mandallaz. Il est Ă©vident que ces mouvements ont nĂ©cessitĂ© la mise en Ɠuvre de forces considĂ©rables, issues du rapprochement des plaques tectoniques africaine et eurasiatique.

Le mouvement relatif des deux compartiments le long de cette faille a laissĂ© des traces Ă©videntes sur les roches. Par exemple, au Malpas, juste derriĂšre le panneau n°3, il est possible d’observer des roches complĂštement broyĂ©es au niveau du contact entre les blocs, ainsi que de petits « miroirs de faille », surfaces lisses, polies par le frottement et portant des stries orientĂ©es indiquant la direction des dĂ©placements. L’échauffement produit a occasionnĂ© localement la recristallisation de calcite, minĂ©ral principal des roches calcaires. De trĂšs beaux miroirs de faille peuvent ĂȘtre observĂ©s au pied du Rocher Bataillard, le long du Chemin de St Jacques de Compostelle et Ă©galement dans le ravin du Fornant, sous le village du Malpas. Le plus bel exemple de miroir, trĂšs nettement striĂ©, est visible au pied de la Mandallaz Ă  Sillingy. Il tĂ©moigne du jeu dĂ©jĂ  ancien de ce dĂ©crochement important dont les traces sont visibles depuis le CrĂȘt d’eau jusqu’à Annecy.

Des mouvements encore actuels :

Les plaques tectoniques Ă  l’origine de ces mouvements, continuent Ă  se rapprocher, accumulant des tensions de plus en plus fortes. De temps Ă  autre, de maniĂšre imprĂ©visible, l’équilibre se rompt et les compartiments se dĂ©placent brutalement. L’énergie libĂ©rĂ©e par cette rupture provoque un Ă©branlement violent qui se propage alors dans les roches sous la forme d’ondes : c’est un sĂ©isme ou tremblement de terre. Au point de rupture, ou Ă©picentre, les dĂ©formations sont les plus importantes. A partir de lĂ , l’énergie dĂ©croĂźt avec la distance. On peut Ă©valuer l’intensitĂ© du sĂ©isme en fonction des dĂ©gĂąts occasionnĂ©s, sur une Ă©chelle de I Ă  XII, dite Ă©chelle MSK. Par exemple pour une intensitĂ© I, la secousse est seulement dĂ©tectĂ©e par les instruments. A partir de VIII, les dĂ©gĂąts sont trĂšs importants et Ă  XII, toutes les constructions humaines sont dĂ©truites. On peut rĂ©aliser des cartes d’égale intensitĂ© ou cartes isosĂ©istes, qui indiquent comment le sĂ©isme a Ă©tĂ© ressenti autour de son Ă©picentre.

Une autre façon de mesurer la « force »  d’un tremblement de terre est de calculer sa magnitude Ă  partir des enregistrements des ondes sismiques (sismogrammes). La magnitude indique l’énergie libĂ©rĂ©e au point de rupture et caractĂ©rise le sĂ©isme. Elle est repĂ©rĂ©e sur une Ă©chelle ouverte dite « de Richter ». Plus la magnitude est Ă©levĂ©e, plus les dĂ©gĂąts sont importants. Un sĂ©isme de magnitude 8 est totalement dĂ©vastateur. Lorsque l’on passe d’un degrĂ© au suivant, l’énergie libĂ©rĂ©e est multipliĂ©e par 10. Le plus rĂ©cent et important sĂ©isme liĂ© Ă  la faille du Vuache, est survenu le 15 juillet 1996 Ă  2 h 13 du matin. Son Ă©picentre Ă©tait localisĂ© tout prĂšs d’Epagny, Ă  3 km de profondeur. Les deux compartiments ont subi un dĂ©calage de 10 cm sur une longueur de 3 km. Il a atteint une magnitude de 5,3 sur l’échelle de Richter et causĂ© de nombreux dĂ©gĂąts. Des fissures sont apparues dans des Ă©glises et autres bĂątiments publics, des cheminĂ©es sont tombĂ©es, des charpentes Ă©branlĂ©es

De nombreuses rĂ©pliques (plus d’une soixantaine) de moindre intensitĂ© se sont produites, certaines en avril 1998.

Et dans l’avenir ? La faille du Vuache s’est momentanĂ©ment endormie, mais pour combien de temps ? Il est impossible de prĂ©voir son rĂ©veil. Les sismologues constatent qu’il n’y a pas eu de sĂ©ismes depuis longtemps dont l’épicentre serait situĂ© entre Frangy et la Mandallaz. La probabilitĂ© pour qu’un sĂ©isme ait lieu le long de notre faille, dans cette zone est donc plus grande qu’ailleurs.

Le Mont de MusiÚges :

La station 3 offre une belle vue sur le Mont de MusiĂšges, qui culmine Ă  701 m. On retrouve sur les pentes et les falaises du Mont les mĂȘmes roches qu’au Vuache, mais avec un plongement des couches diamĂ©tralement opposĂ©. Cette disposition est due Ă  la faille du Vuache le long de laquelle le compartiment sud-ouest s’est Ă©levĂ© de plusieurs centaines de m. Un forage (MusiĂšges 3-7) implantĂ© en 1940 au pied du Mont, a suivi le plan de faille sur plus de 1324 m de profondeur et a traversĂ© des strates imprĂ©gnĂ©es de pĂ©trole. Sur l’autre flanc, le sondage MusiĂšges 3-1 a traversĂ© 2 km de strates gĂ©ologiques sans rencontrer de rĂ©servoir de pĂ©trole.

Cette Ă©minence s’est rĂ©vĂ©lĂ©e trĂšs propice Ă  l’installation d’un retranchement fortifiĂ©, permettant la surveillance du passage du Malpas entre Frangy et GenĂšve et des voies en direction d’Annecy. OccupĂ© dĂšs le NĂ©olithique, puis Ă  l’ñge du Bronze (1500 av. J.C.) et durant l’ñge du fer, le site montre encore de beaux vestiges d’un refuge du Bas-Empire romain (III – IVĂšme siĂšcle aprĂšs J.C.), sous la forme de murs bien conservĂ©s correspondant Ă  un rempart, des bĂątiments et Ă  une citerne de trĂšs belle facture.

Au pied du Mont, sur les derniĂšres falaises urgoniennes bordant les Usses, l’abri sous roche des Douattes, a livrĂ© des restes d’activitĂ© d’une petite population de MagdalĂ©niens. Ces Hommes qui taillaient le silex, chassaient le Renne, ont vĂ©cu ici entre -11000 et -10000 ans av. J.C. Ce sont les plus anciens habitants de notre rĂ©gion.

Station 4 : Le chĂąteau de Chaumont

L’HISTOIRE D’UN CHATEAU MÉDIEVAL

Je laisserai Ă  des historiens plus compĂ©tents que moi notamment ceux de l’association « Ke Viva » le soin de raconter les heurs et malheurs de Chaumont et de son chĂąteau. Je m’en tiendrai Ă  quelques Ă©pisodes marquants que j’emprunte aux textes de ces Ă©minents connaisseurs.

Une histoire Ă  rebondissements

Le ChĂąteau est bĂąti sur un promontoire de calcaire massif, dit « Urgonien » datant du CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur, limitĂ© sur son flanc sud-ouest par la grande faille du Vuache. Cette position Ă©levĂ©e permet de surveiller plusieurs passages obligĂ©s attestĂ©s depuis l’antiquitĂ©, d’une part la voie romaine sur un axe Lyon-GenĂšve passant par Condate (Seyssel) et d’autre part un axe Franche-ComtĂ©-PiĂ©mont. DĂšs le XIVe siĂšcle, le Bourg de Chaumont accueille foires et marchĂ©s avec en particulier un important commerce de blĂ©. Cette situation stratĂ©gique exceptionnelle bĂ©nĂ©ficie de la protection du ChĂąteau fort mentionnĂ© dĂšs 1124 par les Comtes de GenĂšve. En 1401, le chĂąteau devient propriĂ©tĂ© de la Maison de Savoie en raison du rachat du ComtĂ© de GenĂšve. Sous le rĂšgne de François 1er, la Savoie devient française de 1536 Ă  1559. AprĂšs la mort de François 1er, le Duc de Savoie tente de rentrer en possession de ses terres, notamment le Genevois et le Pays de Gex, en s’alliant avec Charles Quint. Il s’ensuit une pĂ©riode trouble durant laquelle les Protestants sont pourchassĂ©s et brĂ»lĂ©s vifs, ce qui arriva au dernier chĂątelain de Chaumont. La reconquĂȘte de la Savoie par le catholicisme bat son plein avec en point d’orgue la visite Ă  Chaumont de François de Sales en octobre 1606. La prospĂ©ritĂ© du bourg est mise Ă  mal Ă  partir de 1601 Ă  cause de la construction d’une nouvelle voie, reliant GenĂšve Ă  Lyon via Bellegarde en rive droite du RhĂŽne, dans un territoire cĂ©dĂ© Ă  la France. Enfin, en 1616, le Duc Henri 1er de Genevois-Nemours, hĂ©ritier du ComtĂ© de GenĂšve, tente de conquĂ©rir le DuchĂ© de Savoie avec l’aide des Espagnols de Franche-ComtĂ©. Henri 1er voit sa tentative Ă©chouer. En reprĂ©sailles, le 25 septembre 1616, le Duc de Savoie ordonne le dĂ©mantĂšlement des vestiges du ChĂąteau de Chaumont afin qu’il ne puisse pas servir de refuge.

Le dĂ©fi que s’est donnĂ©e l’association Ke Viva et la municipalitĂ© a Ă©tĂ© de consolider ces ruines fragmentaires. Outre le plan masse (ci-dessous) dressĂ© entre autres par Louis Blondel Ă  partir des traces au sol et des restes de construction, les historiens ont utilisĂ© les archives des comptes de chĂątellenie et des relevĂ©s photogrammĂ©triques pour Ă©laborer une superbe maquette visible auprĂšs de l’association.

Un site remarquable :

Depuis l’emplacement du chĂąteau, on peut dĂ©couvrir un panorama presque circulaire, qui permet d’embrasser toute l’histoire gĂ©ologique du Secteur. En arriĂšre-plan, plein est, le Mont Blanc prĂ©sente le socle cristallin qui correspond au substratum de l’ensemble de la rĂ©gion. Localement il est enfoui Ă  2500 m sous nos pieds. En avant, de l’est au sud, une sĂ©rie de montagnes se succĂšdent de Sous-Dine au Revard en passant par le Parmelan et la Tournette (2351 m). Ce sont les chaĂźnes subalpines, issues de mers jurassiques et crĂ©tacĂ©es et mises en place lors de la confrontation encore actuelle, des plaques africaines et europĂ©ennes, commençant il y a prĂšs de 100 millions d’annĂ©es. Plus en avant, vers l’est une modeste Ă©minence qui se redresse Ă  la Mandallaz (900 m) correspond Ă  la terminaison sud du chaĂźnon jurassien du SalĂšve. Au sud-ouest, les chaĂźnons jurassiens de la Montagne des Princes et du Colombier ferment notre horizon. Ces reliefs modestes se sont mis en place entre – 12 et – 5 millions d’annĂ©es comme le Vuache et le Mont de MusiĂšges qui s’élĂšve en plein sud. Au premier plan, de part et d’autre de ce mont, s’étalent les plateaux molassiques, des Bornes Ă  l’est, de l’Albanais au sud, et de la Semine Ă  l’ouest. Cette molasse constituĂ©e de dĂ©bris arrachĂ©s aux Alpes, s’est dĂ©posĂ©e il y a prĂšs de 20 millions d’annĂ©es dans une mer peu profonde occupant les vallĂ©es du RhĂŽne et de la SaĂŽne. Puis le paysage est finalement patinĂ© par les sĂ©diments glaciaires apportĂ©s par le glacier de l’Arve qui a laissĂ© des moraines formĂ©es d’argile de sables et de graviers localement indurĂ©s en conglomĂ©rat.

Un petit ßlot méridional :

Le promontoire du chĂąteau et juste en dessous celui du Rocher Bataillard, bien exposĂ©s, accueillent quelques plantes d’affinitĂ© mĂ©ridionale comme l’HĂ©lianthĂšme de l’Apennin, le FrĂȘne fleur, le Stipe pennĂ©, le TrĂšfle scabre, L’Hornungie de rochers, le Fumana couchĂ©, la MĂ©lique ciliĂ©e entre autres. Faute d’un entretien rĂ©gulier, le site s’est progressivement embroussaillĂ©, des arbres ont grandi Ă  la base, modifiant complĂštement notre vision du chĂąteau. La Commune, avec l’appui du SIPCV, a entrepris de rendre au paysage son aspect passĂ© en bĂ»cheronnant, dĂ©broussaillant, fauchant. Dans le mĂȘme temps des travaux de consolidation des ruines ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Mais rien n’est dĂ©finitivement acquis. Il faudra chaque annĂ©e intervenir pour maintenir ouvert cet espace remarquable.

Station 5 : Le Dauzet

UNE ZONE HUMIDE AU PIED D’UN MIROIR DE FAILLE

Nous arrivons, avec la station 5, Ă  la moitiĂ© du Parcours de dĂ©couverte du Vuache. Cette station est situĂ©e Ă  proximitĂ© du terrain de moto-cross. Elle permet d’une part, d’observer la succession des couches gĂ©ologiques du Jurassique supĂ©rieur, mises Ă  l’affleurement par la faille du Vuache et d’autre part d’évoquer des milieux naturels remarquables comme cette zone humide ou encore la flore exceptionnelle des vires sommitales.

La genĂšse des falaises du Vuache

La paroi qui s’élĂšve au-dessus du plateau de la Semine et des Daines est liĂ©e Ă  cet accident fameux connu sous le nom de « Faille du Vuache ». En rĂ©alitĂ© cet accident tectonique est beaucoup plus complexe qu’une simple cassure. Comme le montrent la vue aĂ©rienne et la coupe gĂ©ologique ci-dessous, plusieurs plans de fractures ont jouĂ©, entraĂźnant des dĂ©placements verticaux et horizontaux des deux compartiments. Le mouvement vertical engendrĂ© par une poussĂ©e de direction NE-SW, a provoquĂ© l’ascension du bloc nord-est de plusieurs centaines de mĂštres. Ainsi, les couches du jurassique supĂ©rieur, normalement profondĂ©ment enfouies sous les couches tertiaires et quaternaires sont portĂ©es Ă  une altitude de plus de 1000 m. Dans le mĂȘme temps, un dĂ©placement latĂ©ral « senestre » a fait coulisser le flanc NE de prĂšs de 10 km de droite Ă  gauche. Le sens de ce mouvement est rĂ©vĂ©lĂ© par les stries et les aspĂ©ritĂ©s portĂ©es par le plan de faille (miroir), lorsque celui-ci est bien conservĂ© et visible. Ce dĂ©placement latĂ©ral est appelĂ© dĂ©crochement. Ces mouvements gigantesques qui ont donnĂ© naissance au Vuache et au Jura, sont la consĂ©quence de la surrection des Alpes et ont eu lieu principalement entre -15 millions et – 3 millions d’annĂ©es en arriĂšre, mais ils se poursuivent toujours trĂšs lentement.

 

La coupe géologique transversale illustre la structure interne du Vuache et le jeu vertical de la faille ici dédoublée. (Dessin Jacques Metzger et Jean Charollais)[/caption]

Des archives géologiques gravées dans la roche

La falaise qui apparaĂźt devant nous rĂ©sulte donc du jeu vertical de la faille, mais l’érosion a mis Ă  mal le miroir. Cela permet la mise en Ă©vidence des strates empilĂ©es qui constituent autant d’archives dont la lecture nous renseigne sur la longue histoire gĂ©ologique du Vuache. A la fin du Jurassique (- 145 millions d’annĂ©es), une mer peu profonde et chaude hĂ©berge des MadrĂ©pores (ou Coraux), organismes qui actuellement sont cantonnĂ©s aux mers tropicales. Les sĂ©diments dĂ©posĂ©s Ă  cette Ă©poque correspondent Ă  la grande falaise de calcaires rĂ©cifaux blancs et compacts (C RĂ©c.). Des Ăźlots Ă©mergĂ©s accueillent des vĂ©gĂ©taux proches de nos Cycas, des ConifĂšres, des FougĂšres et sont parcourus par des Dinosaures. Puis les coraux disparaissent et une plate-forme peu profonde s’installe, affectĂ©e par des marĂ©es importantes. Des lits d’algues se dĂ©veloppent emprisonnant des sĂ©diments fins donnant naissance Ă  ces dĂ©pĂŽts finement litĂ©s appelĂ©s Tidalites (Ti) (de l’anglais  « tide » signifiant marĂ©e). Ensuite la mer se retire laissant la place Ă  des zones marĂ©cageuses souvent exondĂ©es. Les sĂ©diments dĂ©posĂ©s ici contiennent des CharacĂ©es, Algues d’eau douce, mais on y voit aussi des traces de sols anciens, preuves d’un Ă©pisode continental. Ces terrains dits Purbeckiens (Pu), terminent la pĂ©riode Jurassique. Au CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur, c’est le retour de la mer avec le dĂ©pĂŽt de calcaires puis de marno-calcaires (PC).

  

Station 6 : Le CrĂȘt du feu

LA LECTURE D’UN PAYSAGE

Nous poursuivons la visite du parcours de DĂ©couverte du Vuache avec la station 6 situĂ©e au CrĂȘt du feu. A propos de la lecture du paysage, nous allons aborder quelques notions de la gĂ©ologie de l’Ere quaternaire caractĂ©risĂ©e par les consĂ©quences des glaciations les plus rĂ©centes.

Ce que nous dĂ©couvrons en franchissant le CrĂȘt du Feu est un des plus beaux panoramas de la rĂ©gion. Notre vue embrasse alors un paysage au relief contrastĂ©, largement boisĂ© avec en fond le Grand CrĂȘt d’Eau, sĂ©parĂ© du Vuache par le dĂ©filĂ© de l’Ecluse. L’empreinte humaine se manifeste par quelques villages, des champs et prĂ©s cultivĂ©s, mais une impression sauvage se dĂ©gage encore.

La genÚse du paysage :

Un paysage n’est pas seulement un tableau colorĂ© par de nuances de vert ou de bleu. C’est un ensemble complexe rĂ©sultant d’interactions diverses plus ou moins ancrĂ©es dans les temps reculĂ©s, ente des facteurs gĂ©omorphologiques, biologiques et humains.

Un substrat géologique complexe :

Au commencement Ă©tait la mer. Durant l’ùre secondaire, notre rĂ©gion sur les marges d’un continent Ă©mergĂ© au centre de la France, Ă©tait occupĂ© par une plateforme maritime de profondeur variable au cours du temps. LĂ  se sont dĂ©posĂ©s des sĂ©diments qui, ultĂ©rieurement, ont donnĂ© naissance Ă  des roches calcaires ou marno-calcaires. Les plus anciennes visibles sur ce panorama sont ĂągĂ©es de 170 millions d’annĂ©es (Jurassique moyen). Les plus rĂ©centes ont environ 110 millions d’annĂ©es (CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur). Les fossiles d’Ammonites et de Coraux tĂ©moignent des variations de profondeur.

AprĂšs une longue pĂ©riode d’érosion et d’émersion, se sont dĂ©posĂ©es Ă  l’Ere Tertiaire, entre -25 et – 15 millions d’annĂ©es, des sĂ©diments dĂ©tritiques provenant de l’érosion des Alpes voisines dĂ©jĂ  en cours d’érection. Les roches qui en sont issues sont des molasses, grĂšs Ă  ciment calcaire formĂ©es en eau douce puis marine. Dans ces derniĂšres abondent HuĂźtres et dents de Requin. Les molasses forment le soubassement du plateau de la Semine et sont visibles au bord du RhĂŽne un peu en aval.

Le temps des déformations : la tectonique :

Sous l’action de la poussĂ©e des Alpes, elle-mĂȘme consĂ©quence de la collision entre les plaques africaines et europĂ©ennes, s’édifie le relief. EbauchĂ©e il y a 70 millions d’annĂ©es, le Jura s’érige essentiellement entre – 10 et – 3 millions d’annĂ©es. De vastes plis se forment comme cet anticlinal du Grand CrĂȘt d’Eau. En effet, les strates de roches relativement rigides se cassent. De nombreuses failles apparaissent comme le montre la figure 1. Un accident majeur compliquĂ© joue ici un rĂŽle majeur. C’est le grand dĂ©crochement (« faille du Vuache ») dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© dans les stations 1, 3 et 5, le long duquel la montagne du Vuache s’est hissĂ©e. La faille a en outre isolĂ© deux blocs plus modestes, le promontoire du ChĂąteau d’Arcine et le Rocher de LĂ©az. Notons que l’interprĂ©tation de ces mouvements gĂ©ologiques n’a pas Ă©tĂ© si facile, comme en tĂ©moigne le schĂ©ma du CrĂȘt d’Eau donnĂ© par Hans Schardt en1891.

Le temps de l’érosion :

Ces reliefs neufs et aigus sont soumis Ă  une intense Ă©rosion qui en façonne la forme gĂ©nĂ©rale. Pensons notamment Ă  la Cluse du RhĂŽne, gigantesque entaille dans cette barriĂšre rocheuse. Elle a Ă©tĂ© creusĂ©e par un RhĂŽne sans doute plus impĂ©tueux dĂšs la fin de l’ùre Tertiaire, dans les roches calcaires et dans la molasse. Notons qu’à cette Ă©poque, le RhĂŽne coulait sous nos pieds, prenant la direction du sud Ă  Bange et rejoignant la Valserine juste en amont de Seyssel. Ce n’est qu’aprĂšs la derniĂšre glaciation Ă©voquĂ©e ci-aprĂšs, qu’il a creusĂ© son lit actuel en direction de Bellegarde. LĂ , il « capture » la Valserine dont il utilise l’ancien cours.

Les temps glaciaires ont achevĂ© de modeler notre paysage en arrondissant les reliefs et surtout en dĂ©posant des matĂ©riaux morainiques variĂ©s. Lors de la derniĂšre glaciation (dite Wurmienne, entre – 70000 et – 15000 ans), le glacier du RhĂŽne envahit la rĂ©gion, passant temporairement par-dessus le Vuache et empruntant le dĂ©filĂ© de l’Ecluse. Lors de ses phases de progression il dĂ©pose une moraine de fond peu Ă©paisse contenant des argiles et des galets striĂ©s de roches alpines trĂšs dures. Lors de ses phases de retrait, un grand lac se forme entre les langues glaciaires rĂ©siduelles, Ă  l’emplacement de la Semine, de la Michaille et des Daines. Des argiles, des sables et des graviers se dĂ©posent alors recouvrant toute la rĂ©gion. Pendant une ultime phase de stationnement du glacier, se dĂ©posent aux flancs du Vuache Ă  Arcine et sur le piĂ©mont du CrĂȘt d’eau vers Lancrans, des cailloutis trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes trĂšs apprĂ©ciĂ©s des carriers.

La colonisation végétale :

AprĂšs la fonte complĂšte des glaciers, la vĂ©gĂ©tation qui avait complĂštement disparu reconquiĂšre progressivement les espaces nus. Le climat d’abord trĂšs froid et sec se rĂ©chauffe progressivement avec des alternances de pĂ©riode sĂšche, humides ou plus fraĂźches. La vĂ©gĂ©tation rase de type toundra fait place Ă  des forĂȘts de pins et bouleaux puis de chĂȘnes, tandis qu’en altitude, sapins et Ă©picĂ©as colonisent les pentes. Avant l’arrivĂ©e de l’Homme, le territoire est entiĂšrement boisĂ©, avec seulement des clairiĂšres formĂ©es sous l’action des tempĂȘtes ou par la dent des grands herbivores. Seules les falaises et les plans d’eau ne sont pas couverts de forĂȘts.

Au NĂ©olithique, les premiers agriculteurs commencent un patient dĂ©frichement qui s’accentuera au moyen-Ăąge avec l’augmentation des populations. C’est l’action humaine qui est donc responsable de la rĂ©partition actuelle des forĂȘts, des champs et des prĂ©s, mais ce sont les facteurs du climat et du sol qui dĂ©terminent la rĂ©partition des essences en fonction de l’altitude, de l’exposition et de la nature du sol. Ainsi, le plateau de la Semine et le piĂ©mont des chaĂźnons jurassiens du CrĂȘt d’Eau et du Vuache sont colonisĂ©s par des ChĂȘnaies Ă  Charme. Les pentes exposĂ©es au sud hĂ©bergent des ChĂȘnaies ou des HĂȘtraies thermophiles (= qui aiment la chaleur).

A partir de 900 Ă  1000 m, c’est la forĂȘt mĂ©langĂ©e de HĂȘtres et de Sapin qui s’installe. Le forestier peut intervenir pour introduire des essences hors de leur aire normale, comme l’enrĂ©sinement des forĂȘts de plaine.

Le paysage rural actuel, avec sa mosaĂŻque de champs cultivĂ©s aux couleurs changeantes selon les cultures et les saisons, et ses prairies naturelles fleuries, fauchĂ©es ou pĂąturĂ©es, est donc bien sous l’influence des activitĂ©s humaines. Paradoxalement, on assiste Ă  une recolonisation des prĂ©s secs ou des zones humides dĂ©laissĂ©es par l’agriculture, en raison de leur moindre productivitĂ© et de difficultĂ©s d’accĂšs aux engins agricoles.

L’artificialisation du paysage :

Outre l’emprise agricole, les activitĂ©s humaines marquent le paysage par l’urbanisation, les amĂ©nagements routiers, les exploitations de matĂ©riaux. Sur notre panorama, on reconnaĂźt les villages d’Arcine et son chĂąteau, Longeray, LĂ©az, et plusieurs carriĂšres en activitĂ©.

La maĂźtrise de ces impacts passent par d’une part une prise de conscience collective et la mise en place de documents d’urbanisme (POS, PLU, SCOT) ou des mesures rĂ©glementaires comme les ArrĂȘtĂ©s de Protection de Biotope. La lutte contre la reforestation des biotopes abandonnĂ©s nĂ©cessite la mise en Ɠuvre de mesures de gestion : dĂ©broussaillement, fauche. La conservation de la biodiversitĂ© est Ă  ce prix. Le SIPCV met en Ɠuvre ce genre de mesure sur son territoire.

L’analyse de ce magnifique paysage nous a entraĂźnĂ©s longuement dans le temps et l’espace. Cela devrait nous inciter Ă  respecter davantage cet environnement qui a Ă©tĂ© si long Ă  se mettre en place et que notre puissance technologique peut dĂ©grader bien plus rapidement.

Station 7 : La carriĂšre sur Entremont

UN SITE À PROTÉGER

Nous profitons de cette occasion pour Ă©voquer encore quelques aspects de la gĂ©ologie locale liĂ©e Ă  la faille ou non, mais aussi les richesses faunistiques de notre montagne notamment avec celles liĂ©es Ă  ses falaises abruptes. Ces trĂ©sors naturels doivent ĂȘtre protĂ©gĂ©s et c’est justement l’objet de l’APPB mis en place en 2005.

La faille, toujours la faille :

Le site de la station 7 permet d’illustrer de nouveaux aspects du fonctionnement de ce gigantesque accident tectonique. DerriĂšre le panneau, nous observons un pli asymĂ©trique limitĂ© par une faille oblique soulignĂ©e par le trait rouge sur la photo ci-dessous. (Fig. 7a)

Des petits plis de ce genre se retrouvent plus bas le long de la route CD 908 et surtout dans la CarriĂšre Rannard oĂč ils sont mis Ă  jour par l’exploitation. Les gĂ©ologues parlent Ă  ce sujet de plis en Ă©chelons qui se forment le long des dĂ©crochements. Le mouvement latĂ©ral de la faille du Vuache, provoque ces petites ondulations notamment dans les strates les plus plastiques de calcaires marneux. Le schĂ©ma joint permet de comprendre ce phĂ©nomĂšne. (Fig. 7b)

De tels plis peuvent ĂȘtre Ă©galement observĂ©s, mais Ă  une plus grande Ă©chelle, le long de la grande faille dĂ©crochante de San Andreas en Californie.

A proximitĂ©, encore fixĂ©es dans la falaise, on peut observer de belles ammonites qui tĂ©moignent de l’origine marine de ces calcaires marneux du jurassique supĂ©rieur (- 150 millions d’annĂ©es). (Fig. 7c)

Notons qu’il n’est pas prudent de s’aventurer au pied de la falaise car des blocs parfois de belle taille peuvent tomber du front de taille. Une de ces ammonites, trouvĂ©e par un gĂ©ologue qui a particuliĂšrement Ă©tudiĂ© le secteur, portait des traces de morsures dues Ă  un prĂ©dateur, peut-ĂȘtre un reptile marin du type Mystriosaurus ou Crocodile de mer.

Le dĂ©crochement du Vuache est ici divisĂ© en deux et le Rocher de LĂ©az, que l’on voit en face est, coincĂ© entre les deux branches. Ce promontoire est taillĂ© dans des calcaires plissĂ©s et faillĂ©s du jurassique supĂ©rieur (Fig. 7d). Comme le montre le schĂ©ma ci-dessous (Fig. 7e), les branches de la faille du Vuache ne sont pas verticales comme on pouvait l’imaginer autrefois mais inclinĂ©es, et le compartiment nord de la montagne tend Ă  chevaucher le compartiment sud. Ce chevauchement s’accentue dans le massif du Grand CrĂȘt d’Eau et dans la Haute-ChaĂźne du jura.

Le Rocher de LĂ©az porte Ă  son sommet des ruines de murailles, vestige d’un ChĂąteau du Moyen-Age (Fig. 7f). Il est mentionnĂ© pour la premiĂšre fois en 1138 comme dĂ©pendance du PrieurĂ© de LĂ©az. Acquis en 1872 par le baron de Gex, il est vendu ensuite au Comte de Savoie. Le bourg autour du chĂąteau est fortifiĂ© en 1348 et dĂ©fendu par une porte. La situation privilĂ©giĂ©e de ce fort permet de surveiller le passage issu du DĂ©filĂ© de l’Ecluse en rive droite du RhĂŽne. Le site est pillĂ© et incendiĂ© par les bernois en 1560 et ruinĂ© dĂ©finitivement par les Genevois en 1586.

Des falaises accueillantes :

Les anfractuositĂ©s creusĂ©es par l’érosion dans les falaises calcaires sont propices Ă  la nidification de trois grandes espĂšces d’oiseaux remarquables. Le faucon pĂšlerin (Falco peregrinus) (Fig. 7g), est un chasseur de haut vol, spĂ©cialisĂ©s dans la poursuite des oiseaux. DĂšs le mois de fĂ©vrier, ses Ă©volutions acrobatiques marquent le dĂ©but de la nidification. Cet oiseau est passĂ© trĂšs prĂšs de la disparition suite aux prĂ©lĂšvements d’Ɠufs et de jeunes pour la fauconnerie. De plus, la fĂ©conditĂ© des femelles Ă©tait trĂšs diminuĂ©e Ă  cause des pesticides contenus dans ses proies granivores. Actuellement trois couples nichent rĂ©guliĂšrement sur les falaises du Vuache. Le Grand-duc (Asio otus) (Fig. 7h), s’est installĂ© ici dans les annĂ©es 1990. Les « ouh ouh » sonores du mĂąle se font entendre Ă  la tombĂ©e de la nuit durant les mois d’hiver. Notre couple de Grands-ducs s’est installĂ© ici il a quelques annĂ©es en chassant le Faucon pĂšlerin qui nichait dans la falaise. Il est mĂȘme possible que le Grand-duc ait tout simplement mangĂ© l’occupant des lieux avant d’élire domicile dans son aire. Les Grands Corbeaux (Corvus corax), Ă©taient autrefois abondant dans toute la plaine française. Beaucoup plus grand que notre Corneille noire, ils ont charognards et omnivores. On les reconnait en vol Ă  leur queue cunĂ©iforme et Ă  leurs cris rauques rĂ©pĂ©tĂ©s. Ce sont les Corbeaux qui hantaient les champs de bataille et les gibets du Moyen-Ăąge. Ils ont Ă©tĂ© persĂ©cutĂ©s trĂšs longtemps. Actuellement ils trouvent refuge dans les falaises escarpĂ©es du Vuache.

  

Une protection nécessaire :

Plusieurs falaises du flanc sud-ouest du Vuache, Ă©quipĂ©es pour l’escalade, ont subi un « nettoyage » des fissures extrĂȘmement nĂ©faste, provoquant l’élimination de nombreuses plantes de rochers dont le rarissime Lis orangĂ©. En outre, la frĂ©quentation des falaises par les grimpeurs constitue une gĂȘne certaine pour les oiseaux nicheurs. Pour remĂ©dier Ă  cette situation prĂ©occupante, le SIPCV a demandĂ© la mise en place d’une mesure rĂ©glementaire de protection. Le 23 mars 2005, le PrĂ©fet de la Haute-Savoie a signĂ© un ArrĂȘtĂ© de Protection de Biotope interdisant tout Ă©quipement des falaises Ă  des fins d’escalade. De plus la pratique de ce sport sur les falaises concernĂ©es par cet ArrĂȘtĂ©, est prohibĂ©e du 15 janvier au 30 juin pour Ă©viter le dĂ©rangement des oiseaux nicheurs.

Notons que par ailleurs toute modification ou altĂ©ration du milieu est interdite. Notamment, toute nouvelle ouverture de carriĂšres est dĂ©sormais interdite. Les pratiques sylvicoles ou cynĂ©gĂ©tiques continuent Ă  s’exercer.

Station 8 : À l'extrĂ©mitĂ© nord du Vuache

LE DÉFILÉ DE L’ÉCLUSE, UNE ÉNIGME GÉOLOGIQUE

Dans ce numĂ©ro, nous aborderons comme Ă  l’accoutumĂ©e des phĂ©nomĂšnes gĂ©ologiques d’ordre tectonique et palĂ©ontologique, mais aussi des questions biogĂ©ographiques et historiques.

Une cluse Ă  l’origine Ă©nigmatique

Le dĂ©filĂ© de l’Ecluse est, gĂ©ologiquement parlant, une vraie « cluse », c’est-Ă -dire une coupure perpendiculaire Ă  un pli anticlinal. On peut se demander comment une telle entaille a pu se former dans des roches aussi massives. DĂ©jĂ  Ă  la fin du 19Ăšme siĂšcle, Horace-Benedict de Saussure se posait la question « J’ai dĂ©sirĂ© connaĂźtre l’origine de cette ouverture, si intĂ©ressante pour nous. Mes observations, comme on le comprend bien, n’ont abouti qu’à des conjectures ». Les gĂ©ologues Ă©voquent une faille transversale qui aurait fragilisĂ© la zone, mais on n’en voit aucune preuve sur le terrain. Le fait que le pli du CrĂȘt d’eau se transforme en un demi-anticlinal du Vuache Ă  cause de la faille, serait-il responsable ? D’autres gĂ©ologues invoquent une forte reprise de l’érosion fluviatile par le RhĂŽne Ă  l’occasion de l’évaporation de la MĂ©diterranĂ©e au Messinien, il y a 6 millions d’annĂ©es ou encore le rĂŽle des glaciations rĂ©pĂ©titives au Quaternaire. Pour le moment, le mystĂšre reste entier. Il n’en reste pas moins que cette cluse constitue un couloir largement empruntĂ© par les animaux et les hommes.

Un couloir migratoire d’importance europĂ©enne

PlacĂ© comme un goulet au fond de l’entonnoir que dessine le plateau suisse entre Alpes et Jura, le dĂ©filĂ© de l’Ecluse concentre les flux migratoires des oiseaux en provenance de l’Europe du Nord-Est au cours de leur migration postnuptiale Ă  l’automne. Des observateurs franco-suisses se relaient d’aoĂ»t Ă  novembre pour compter quotidiennement les voyageurs ailĂ©s. Outre les pigeons ramiers qui autrefois empruntaient ce couloir par centaines de milliers, ce sont les rapaces qui sont les vedettes de cette grande migration. Les Buses variables, les BondrĂ©es apivores, les Eperviers, les Milans noirs et Milans royaux franchissent les pas par milliers. Les Pigeons colombins, les Corbeaux freux, et nombre de petits Passereaux comme l’Alouette des champs, l’Etourneau sansonnet, la Bergeronnette printaniĂšre sont aussi du voyage. Quelques passants de marque sont Ă  citer : les Cigognes noires et blanches et les Grues cendrĂ©es qui parfois stationnent dans les prĂ©s avant de franchir le dĂ©filĂ©. Les rĂ©sultats chiffrĂ©s de ces observations annuelles sont Ă  disposition sur le site de la LPO 74 (Ligue pour la protection des oiseaux).

Un passage obligé pour les hommes

Le dĂ©filĂ© de l’Ecluse se franchissait essentiellement en rive droite, car en rive gauche, les falaises du Vuache, plongeant droit dans le RhĂŽne, Ă©taient plus difficile Ă  traverser. On ne peut passer sous silence l’épisode fameux popularisĂ© par Jules CĂ©sar dans ses Commentaires de la guerre des Gaules. Le peuple germano-celtique des HelvĂštes, occupant le territoire qui constitue la Suisse actuelle, entreprend au milieu du 1er siĂšcle avant J.C. une grande migration vers la Saintonge aprĂšs avoir incendiĂ© ses terres. Les HelvĂštes souhaitent traverser le RhĂŽne sur des passages situĂ©s entre GenĂšve et le Vuache. Jules CĂ©sar inquiet du renfort apportĂ© par les HelvĂštes Ă  ses ennemis gaulois, interdit le passage au Roi OrgĂ©trix et son peuple. Les romains Ă©difient mĂȘme des fortifications entre GenĂšve et le Vuache en rive gauche, connues sous le nom du « Mur de CĂ©sar ». En rĂ©alitĂ© il devait s’agir de fossĂ©s et levĂ©es de terre renforcĂ©s en quelque endroit par des bastions plus importants. Ce « mur » reste Ă  localiser prĂ©cisĂ©ment. Les HelvĂštes doivent donc franchir la cluse en rive droite. En 58 avant J.C., ils subissent une Cruelle dĂ©faite Ă  Bibracte face Ă  CĂ©sar et doivent rebrousser chemin. (Fig. 8a)

Pour protĂ©ger ce passage qui constitue la porte de sortie du bassin lĂ©manique au sud, des ouvrages dĂ©fensifs ont Ă©tĂ© construits Ă  toutes les Ă©poques. La premiĂšre mention explicite d’une maison forte remonte au 13Ăšme siĂšcle. Elle est due aux Barons de Gex. Entre le 14Ăšm et le 16Ăšme siĂšcle, les affrontements entre Savoyards, Genevois, Bernois Français et espagnols furent nombreux. C’est au 17Ăšme siĂšcle que le Fort du bas est construit selon le style de Vauban. ProfondĂ©ment remaniĂ© au 18Ăšme siĂšcle, il prend son aspect actuel. DĂ©truite en grande partie en 1814-1815 lors des guerres napolĂ©oniennes, il est reconstruit entre 1820 et 1830. C’est entre 1830 et 1841 qu’est construit le fort supĂ©rieur. Les deux sont reliĂ©s par un escalier intĂ©rieur de 1165 marches !

Sous le commandement du Capitaine Favre, la garnison du fort rĂ©sista aux Allemands du 22 au 24 juin 1940. Les soldats seront envoyĂ©s en captivitĂ©. Une ultime bataille opposera les maquis de l’Ain et l’occupant en dĂ©route en juin 1844. AprĂšs une longue pĂ©riode d’abandon, le Fort est dĂ©sormais propriĂ©tĂ© de la CommunautĂ© de Communes du Pays de Gex. TransformĂ© en MusĂ©e, le Fort accueille des expositions et animations diverses de juin Ă  septembre.

Une barriĂšre infranchissable

Paradoxalement, ce lieu de passage joue le rĂŽle de barriĂšre biologique pour plusieurs plantes mĂ©ridionales. Lors de la reconquĂȘte post glaciaire des espaces rendus stĂ©riles par les glaces, certaines plantes ont trouvĂ© refuge sur les pentes calcaires escarpĂ©es et trĂšs bien exposĂ©s du Vuache et des alentours du Fort l’Ecluse. C’est ainsi que dans leur remontĂ©e vers le nord le long de la vallĂ©e du RhĂŽne, ces vĂ©gĂ©taux exigeants en chaleur qui prospĂšrent dans des contrĂ©es situĂ©es plus au sud, ont trouvĂ© leur limite septentrionale. C’est le cas du Stipe pennĂ© (Stipa eriocaulis), qui arbore ses fruits prolongĂ©s par un long plumet, de l’HĂ©lianthĂšme de l’Apennin (Helianthemum apenninum) avec ses pĂ©tales blancs fripĂ©s comme ceux des Cistes. LĂ  s’arrĂȘte aussi l’Erable de Montpellier (Acer mons pessulanum) avec ses petites feuilles trilobĂ©es et coriaces et l’AethionĂšme des Rochers (Aethionema saxatilis) aux dĂ©licates petites fleurs roses.

La grande Cigale plĂ©bĂ©ienne (Lyristes plebeius) anime encore de ses puissantes stridulations le dĂ©filĂ©, mais ne s’entend plus au-delĂ .

DĂ©chiffrer les archives de l’histoire de la Terre

Le long de la route d’Arcine Ă  Chevrier (D 908a) mais Ă©galement en rive droite le long de la D984 puis la N206, il est possible d’observer la succession des couches gĂ©ologiques qui constituent l’ossature des massifs de CrĂȘt d’eau et du Vuache. DiffĂ©rentes sciences gĂ©ologiques permettent de reconstituer les phases de l’histoire lointaine de la rĂ©gion. Cette connaissance n’est pas seulement une satisfaction intellectuelle, mais elle permet de prĂ©parer les grands ouvrages d’amĂ©nagement du territoire comme le percement des tunnels routiers ou ferroviaires, la construction des ponts, des barrages pour l’exploitation des ressources miniĂšres.

La stratigraphie analyse la superposition des couches, leur variation d’épaisseur, leur disposition. Leur composition minĂ©rale et chimique est l’objet de la lithologie tandis que la palĂ©ontologie Ă©tudie le contenu en fossiles et microfossiles. Ce sont ces donnĂ©es rĂ©unies qui permettent de dĂ©terminer dans quels milieux se sont dĂ©posĂ©s les sĂ©diments Ă  l’origine des roches que nous observons actuellement. On peut affirmer que la plupart des roches calcaires ou marno-calcaires constituant l’ossature du Vuache, se sont formĂ©es en milieu marin. Nous y trouvons en effet de nombreux fossiles comme les Ammonites Ă©voquĂ©es dans le panneau 7. Tout prĂšs de la station 8, ce sont des fossiles de Crevettes fouisseuses (Fig. 8i et 8j) et des carapaces de tortues marines qui vivaient il y a 130 millions d’annĂ©es, qui ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes. Notons que plusieurs microfossiles de ForaminifĂšres ont Ă©tĂ© dĂ©crits Ă  partir d’échantillons locaux. Leurs noms Ă©voquent la toponymie du lieu. Ce sont par exemple Valserina et Eclusia (Fig. 8k et 8l) qui caractĂ©risent et datent des niveaux du CĂ©tacĂ© infĂ©rieur.

L’étude de la dĂ©formation subies par les roches ou tectonique, permet de reconstituer les Ă©vĂ©nements qui sont Ă  l’origine des reliefs actuels. Ainsi, la surrection des plis jurassiens est une consĂ©quence de la mise en place des Alpes, elles-mĂȘmes engendrĂ©es par la rencontre collision des plaques tectoniques africaine et europĂ©enne.

Une catastrophe ou quand le RhĂŽne s’arrĂȘta de couler

Dans la nuit du 3 janvier 1883, Ă  la suite de pluies persistantes, les talus des rives du RhĂŽne en amont du Fort l’Ecluse, complĂštement dĂ©trempĂ©s, glissent vers le fleuve produisant un sourd grondement perçu jusqu’à Vulbens. La voie ferrĂ©e Lyon-GenĂšve est emportĂ©e et un tunnel de 45 m est recouvert Le cours du RhĂŽne est obstruĂ© durant plusieurs heures crĂ©ant un lac artificiel menaçant les habitations. Heureusement, il n’y a eu aucune victime. Rapidement, le barrage est emportĂ© par le RhĂŽne et tout rentre dans l’ordre. Cet incident a eu les honneurs du Journal l’Illustration de l’époque. Depuis, les rives abruptes du RhĂŽne ont Ă©tĂ© drainĂ©es aussi bien en amont de la Cluse qu’en aval pour Ă©viter de tels phĂ©nomĂšnes qui pourraient menacer le barrage de GĂ©nissiat par la vague que pourrait crĂ©er une telle chute brutale de matĂ©riaux dans la retenue.

Station 9 : Raclaz d'en haut

GÉOLOGIE SANS FRONTIÈRE !

DĂ©chiffrer le grand livre de l’histoire de notre sous-sol

Le Bassin genevois, que nous dĂ©couvrons largement depuis le pont sur l’autoroute A42, est une vaste dĂ©pression synclinale insĂ©rĂ©e entre deux anticlinaux jurassiens, la Haute-ChaĂźne Ă  l’ouest et le SalĂšve Ă  l’est. Au cours de la brĂšve histoire humaine, se sont succĂ©dĂ©s Allobroges, Romains, Burgondes, Germains, Savoyards et enfin, Français et HelvĂštes. L’histoire gĂ©ologique qui est inscrite dans les strates s’étend sur des durĂ©es beaucoup plus longues et fait fi de ces frontiĂšres trĂšs fluctuantes.

Pour reconstituer les Ă©vĂšnements qui ont Ă©maillĂ© cette longue pĂ©riode, il faut observer les roches lorsqu’elles affleurent ou rĂ©aliser des sondages profonds. Les prospections gĂ©ophysiques (sismique-rĂ©flexion) donnent aussi de bons renseignements sur les structures profondes. Dans la rĂ©gion, des forages pĂ©troliers ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s Ă  Humilly prĂšs de Viry, en 1968-1969. Ils ont atteint des roches datant de l’ùre primaire Ă  3051 m de profondeur. Ce sont ces techniques qui ont permis de schĂ©matiser la structure de notre sous-sol telle que la montre la figure ci-dessous :

Si nous reconstituons le « film » des Ă©vĂšnements qui se sont succĂ©dĂ©s dans la rĂ©gion genevoise, nous constatons que certaines sĂ©quences manquent Ă  l’appel comme le suggĂšre le schĂ©ma ci-dessous. Les parties colorĂ©es correspondent Ă  des traces tangibles avec des roches et des fossiles. Par contre les blancs laissent penser que soit aucun dĂ©pĂŽt n’a eu lieu durant ces pĂ©riodes ou bien que ces dĂ©pĂŽts ont Ă©tĂ© enlevĂ©s par l’érosion.

La longue histoire de la géologie locale :

La colonne stratigraphique relevĂ©e Ă  Humilly, est l’occasion de dĂ©crire les diffĂ©rents paysages qui se sont succĂ©dĂ©s pour aboutir Ă  celui que nous connaissons actuellement.

Les couches les plus profondes, non atteintes par le forage, sont constituĂ©es de roches cristallines, granite, gneiss notamment, ĂągĂ©es de 700 millions d’annĂ©es au moins. C’est le socle sur lequel tout repose. A la fin de l’ùre primaire, entre – 350 et – 250 millions d’annĂ©es, un long Ă©pisode de sĂ©dimentation continentale avec des lacs, des marĂ©cages et des forĂȘts humides, laissera des dĂ©pĂŽts schisteux et grĂ©seux entrecoupĂ©s de lits de charbons. Il faut imaginer des forĂȘts peuplĂ©es de grandes fougĂšres et prĂȘles comparables Ă  nous arbres actuels.

Plus rĂ©cemment, au dĂ©but de l’ùre secondaire, Ă  la pĂ©riode du Trias (- 230 Ă  – 203 millions d’annĂ©es) la rĂ©gion se trouvait sur les marges d’une vaste mer, la TĂ©thys. Dans des lagunes saumĂątres se sont dĂ©posĂ©s des roches qualifiĂ©es d’évaporites telles que le sel gemme, le gypse. On peut trouver ce gypse lorsque le Trias affleure, comme Ă  Champfromier par exemple, oĂč il a Ă©tĂ© exploitĂ© comme pierre Ă  plĂątre.

Entre – 203 et – 110 millions d’annĂ©es (Ăšre secondaire, du jurassique au crĂ©tacĂ© infĂ©rieur), la rĂ©gion a Ă©tĂ© constamment submergĂ©e par une mer de profondeur variable, avec sans doute de courtes phases d’émersion qui ont guĂšre laissĂ© de traces. Les fossiles trouvĂ©s tĂ©moignent de ces variations de profondeurs. Les Ammonites, Mollusques CĂ©phalopodes apparentĂ©s aux rares Nautiles actuels, peuplaient des mers relativement profondes. Ces prĂ©dateurs servaient aussi de proies Ă  des Reptiles comme nous l’avons Ă©voquĂ© Ă  propos du panneau n°7. Ces Ammonites, outre leur rĂŽle d’indicateurs d’un milieu de vie marin, sont d’excellents dateurs des terrains sĂ©dimentaires. Voici 3 exemples de fossiles caractĂ©ristiques de pĂ©riodes particuliĂšres.

A la fin de la pĂ©riode jurassique, Ă  la faveur de mouvements du sous-sol, c’est une mer chaude et peu profonde qui s’installe, propice au dĂ©veloppement de rĂ©cifs coralliens riches en coquillages et poissons. Des Ăźlots Ă©taient couverts d’une vĂ©gĂ©tation tropicale.

Nous ne trouvons pas localement de terrains du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur. Une Ă©mersion a donc eu lieu. L’érosion a profondĂ©ment marque les ultimes couches du CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur (Urgonien) creusant des avens et des rĂ©seaux karstiques dont on trouve des traces en surface ou qui ont Ă©tĂ© rencontrĂ©es en profondeur lors du percement du tunnel du Vuache.

Ces poches sont souvent remplies d’un dĂ©pĂŽt de grĂšs siliceux et ferrugineux, le SidĂ©rolithique, parfois exploitĂ© comme minerai de fer comme au SalĂšve. En l’absence de fossile ces dĂ©pĂŽts sont difficiles Ă  dater. Entre – 25 et – 20 millions d’annĂ©es (fin de l’ùre Tertiaire), se sont dĂ©posĂ©es des molasses (grĂšs Ă  ciment calcaire) dans des lagunes continentales sous un climat tropical. Les forĂȘts luxuriantes Ă©taient peuplĂ©es de nombreux MammifĂšres dont des Rongeurs, mais aussi des Tapirs, des RhinocĂ©ros notamment.

Entre – 20 et – 16 millions d’annĂ©es (Ă©tage Burdigalien du Tertiaire), mais seulement sur le versant occidental (Plateau de la Semine, VallĂ©e du RhĂŽne), une mer pĂ©rialpine peu profonde reçoit les sĂ©diments arrachĂ©s aux Alpes toutes jeunes et encore trĂšs Ă©levĂ©es. C’est ainsi que se forme la molasse marine, grĂšs plus ou moins grossier contenant des fossiles abondants : dents de requins (Fig. 12), huitres, oursins, pectens. Ce sera la derniĂšre occurrence marine pour notre rĂ©gion.

C’est Ă  partir de – 25 MA que s’ébauchent les plissements jurassiens Ă  la suite de la surrection alpine. On peut imaginer que vers – 10 MA, les plis du Jura, du Vuache et du SalĂšve ont acquis leur morphologie actuelle.

Les prochains dĂ©pĂŽts seront ceux laissĂ©s par les glaciers qui se sont succĂ©dĂ©s Ă  l’ùre quaternaire Ă  partir de – 1,8 millions d’annĂ©es. Les dĂ©pĂŽts morainiques trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes contiennent des argiles, des sables, des graviers parfois consolidĂ©s en conglomĂ©rats. Ces couches, souvent permĂ©ables, servent de rĂ©servoir Ă  des nappes phrĂ©atiques du plus haut intĂ©rĂȘt pour notre alimentation en eau de bonne qualitĂ©. Des blocs erratiques de granite ou de gneiss ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s lors de la derniĂšre glaciation qualifiĂ©e de « Wurmienne » entre – 70 000 et – 15 000 ans. Ces blocs ont quelquefois Ă©tĂ© creusĂ©s par nos ancĂȘtres de petites cavitĂ©s, donnant ces mĂ©galithes particuliers appelĂ©s « Pierres Ă  cupules » et dont nous avons dĂ©jĂ  parlĂ©. Les dĂ©pĂŽts morainiques sont le support du paysage actuel, largement façonnĂ© par l’homme, avec les forĂȘts, les marais, les Ă©tangs mais aussi les cultures et prairies et les amĂ©nagements urbains et routiers.

Vola briĂšvement rĂ©sumĂ© l’histoire gĂ©ologique de ce bassin genevois et des montagnes qui le bordent. L’histoire qui suit est celle de l’Homme, un trĂšs petit Ă©pisode par rapport aux Ă©normes durĂ©es des temps gĂ©ologiques, pourtant, l’empreinte qu’il laisse est trĂšs importante.

Station 10 : Savigny

UN VIEUX REPAIRE D’OURS

Depuis la base du Vuache vers Savigny, deux grandes cavernes ou balmes sont visibles au flanc de la montagne en pleine forĂȘt. Elles ont attirĂ© l’attention des habitants depuis les temps les plus anciens. Il est plaisant Ă  ce propos de relire la monographie qu’a publiĂ© en 1911 FĂ©lix Fenouillet (1842-1924), instituteur honoraire et auteur de nombreuses publications sur l’histoire locale. Amateur Ă©clairĂ© et curieux, il a repĂ©rĂ© dans le remplissage superficiel du plancher des grottes, au milieu d’ossements d’animaux divers, des haches polies et des restes de foyers d’ñge NĂ©olithique et gallo-romain. En 1948, un illustre gĂ©ologue genevois, Adrien Jayet rĂ©alise une fouille plus exhaustive et en publie les rĂ©sultats en 1949 dans les Archives des sciences (GenĂšve). Les couches les plus superficielles livrent des ossements d’Ours brun (Ursus arctos) de Cerf d’Europe et de Marmotte. Les couches plus profondes contiennent de nombreux restes appartenant Ă  des animaux aujourd’hui disparus du Vuache comme le LiĂšvre variable, le lagopĂšde et surtout le grand Ours des cavernes (Ursus spelaeus). Ces vestiges tĂ©moignent d’un climat froid qui annonçait la derniĂšre glaciation. Par contre aucune trace d’occupation humaine ancienne n’a Ă©tĂ© trouvĂ©e, mais il est probable que de nouvelles fouilles scientifiquement conduites nous en apprendraient davantage sur cette pĂ©riode. On constate donc que deux espĂšces d’Ours se sont succĂ©dĂ©es sur le Vuache et en particulier Ă  Savigny qui finalement mĂ©rite bien son surnom de « Pays des Ours ». Notons que la derniĂšre mention d’Ours sur le Vuache date de 1818. Cette annĂ©e-lĂ , 4 ours dĂ©frayĂšrent la chronique en commettant des dĂ©gats dans les cultures et les vergers du piĂ©mont. Au cours d’une battue Ă  laquelle participaient des chasseurs de Chaumont et de Savigny, deux Ours, une mĂšre et son petit furent abattus. Ce sont les derniers plantigrades mentionnĂ©s dans le Vuache. Par ailleurs, les Ours bruns disparaissent du Jura en 1860 et de la Haute-Savoie en 1880.

 

Comment se sont formées ces cavernes ?

Il faut remonter loin dans le temps pour comprendre ce phĂ©nomĂšne. A l’aube es temps tertiares, il y a prĂšs de 60 millions d’annĂ©es, le Jura et le Vuache sont maintenant Ă©mergĂ©s. Il rĂšgne un climat chaud et humide. Les couches de calcaire Urgonien dans lesquelles sont creusĂ©es nos grottes sont horizontales. Une intense Ă©rosion a fait disparaitre les couches sus-jacentes. Le calcaire massif mais trĂšs fissurĂ© , est soumis Ă  l’action des eaux de pluies fortement chargĂ©es en Dioxyde de carbone (CO2 ) et devenant ainsi acides. Ces eaux corrosives s’infiltrent dans les fissures de la roche dont le calcaire (CaCO3 ) est alors partiellement dissous. C’est ainsi que se forment ce que les gĂ©ologues nomment le modelĂ© karstique. En surface on peut observer des cannelures, des rigoles plus ou moins profondes (lapiaz) des entonnoirs de dissolution (dolines) des gouffres (avens) et en profondeur des rĂ©seaux de galeries, grottes et cavernes. Il est trĂšs probable que les grottes de Savigny soient d’anciens avens redressĂ©s lors de l’érection du Vuache et repris par une Ă©rosion plus rĂ©cente. D’ailleurs, le remplissage de la grotte est en grande partie constituĂ© de sables et argiles riches en fer Ă  rattacher au sidĂ©rolithique dĂ©crit dans le panneau n° 1 « La Pareuse ».

Des traces d’occupation humaine ancienne

Si les vestiges abandonnĂ©s par nos ancĂȘtres sont peu abondants dans les grottes, plusieurs indices viennent tĂ©moigner de leur prĂ©sence Ă  proximitĂ©. Ce sont les pierres Ă  cupules. Nous avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© ces modestes mĂ©galithes Ă  l’occasion d’un prĂ©cĂ©dent panneau (N° 5 Le Dauzet). FĂ©lix Fenouillet, citĂ© plus haut, a dĂ©couvert 3 de ces blocs erratiques situĂ©s en contrebas des grottes. Ce sont des blocs de roches cristallines (Gneiss) apportĂ©s ici par le glacier Wurmien en provenance des Alpes de la rĂ©gion du Mont blanc. Les hommes prĂ©historique, Ă  une Ă©poque que nous ne pouvons dater avec prĂ©cision (entre – 4000 et – 500 ans avant JĂ©sus-Christ) faute d’indice laissĂ©s par eux, ont creusĂ© Ă  la surface des blocs de petites cupules de quelques centimĂštres de diamĂštre et peu profonde. La signification de ces sculptures nous Ă©chappe : on peut imaginer des raisons rituelles, religieuses ou symboliques, mais sans preuve.

pierre a cupule

Une échelle des temps préhistoriques.

Pour situer dans les temps postglaciaires les évÚnements évoqués ici mais aussi dans les précédents articles, je vous propose une échelle chronologique sur laquelle les différents sites préhistoriques sur ou autour du Vuache sont situés.

Cet article met un terme à cette description station par station des 10 panneaux qui constituent le : « Parcours de découverte du Vuache » mis en place par le SIPCV depuis 2005.

Bonne visite. N’hĂ©sitez pas Ă  faire remonter vos remarques Ă©ventuelles au SIPCV (mairie de Vulbens).

Jacques BORDON, Vice-Président du SIV (ex SIPCV)

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Syndicat Intercommunal du Vuache
Mairie, 1 rue François Buloz
74520 VULBENS

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syndicat.vuache@orange.fr



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