Les richesses naturelles

La montagne du Vuache

Altitude : de 325 m à 1106 m
Longueur : 11 km
Largeur : de 1.5 km à 3 km

Le massif du Vuache, pittoresque chaînon jurassien en terre savoyarde, sépare le bassin franco-genevois de celui de Bellegarde (plateau de la Semine).

Cet étroit chaînon jurassien de 11 km de long et de 1,5 à 3 km de large, est compris entre le Défilé de l’Ecluse au Nord-Ouest et la vallée du Fornant au Sud-Est. Son altitude varie de 325 mètres, au niveau du Rhône, à 1106 mètres (point culminant), au-dessus de Chaumont.

Bien que très proche de centres urbains, la montagne du Vuache présente un grand intérêt non seulement pour les géologues mais également pour les naturalistes, car elle constitue une véritable barrière climatique, ce qui se reflète dans la répartition de la faune  et de la flore.

La géologie

Le Vuache est un anticlinal (plissement) de surface dans les calcaires du Jurassique supérieur et du Crétacé inférieur. Il présente une forte dissymétrie due à l’existence d’un grand décrochement qui longe le flanc sud-ouest : « la faille du Vuache ». Cet accident tectonique a produit, dans la moitié occidentale de la voûte, un affaissement de plus de 500 m.

Ci-contre la coupe géologique du Vuache, Dessin de Jacques Metzger.Le versant occidental se présente donc comme une succession de falaises calcaires, contrastant fortement avec les pentes boisées et relativement douces du versant oriental qui s’étalent vers le plateau genevois.

Actif depuis plusieurs dizaines de millions d’années, le décrochement du Vuache est encore le lieu de mouvements qui continuent d’engendrer des tremblements de terre, dont le dernier en date s’est produit en juillet 1996 dans la région d’Annecy.

Pour aller plus loin…

Sur la géologie du Pays du Vuache : commander notre ouvrage « Le Vuache, montagne insolite … »    Voir Documentation
Sur les pierres à cupules, consultez les documentations :
Inventaire des pierres remarquables du Pays du Vuache et Si les pierres pouvaient parler

La faune

La montagne du Vuache présente un intérêt faunistique majeur, en particulier pour les oiseaux.

C’est en effet une importante voie de migration à l’automne et au printemps (défilé de l’Ecluse et Golet du Pais), essentielle pour les rapaces (l’un des sites principaux identifiés à ce titre en France), avec 20 à 30 000 oiseaux de proie régulièrement comptabilisés au passage.

Espèces remarquables nicheuses : Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), Grand corbeau (Corvus corax), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Aigle royal (Aquila chrysaetos) et Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus).

Espèces remarquables de passage : Milan royal (Milvus milvus), Milan noir (Milvus migrans), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Buse variable (Buteo buteo), Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), Martin pécheur d’Europe (Alcedo atthis), etc.

La grande faune est également bien représentée : Cerf d’Europe (Cervus elaphus), Chevreuil (Capreolus capreolus), Chamois (Rupicapra rupicapra), Sanglier (Sus scrofa), Blaireau commun (Meles meles), Renard (Vulpes vulpes), Chat forestier (Felis silvestris), Lièvre brun (Lepus capensis), etc. Le Lynx boréal (Lynx lynx) est un visiteur occasionnel. A noter les observations récentes (ONCFS) du Loup (Canis lupus) et de la Genette commune (Genetta genetta).

Le Vuache héberge enfin un cortège d’insectes rares et menacés, dont la famille des lépidoptères en est une belle illustration, avec notamment pour les papillons de jour, le splendide Apollon (Parnassius apollo), l’Azuré du Serpollet (Glaucopsyche arion), le Damier de la Succise (Eurodryas aurinia), le Cuivré des marais (Lycaena dispar), ou encore la Bacchante (Lopinga achine). Pour les papillons de nuit, notons la présence de la très fugace Hachette (Aglia tau) ou la Laineuse du Prunellier (Eriogaster catax)

Bilan Patrimonial

Pour la flore : une seule espèce d’intérêt communautaire* : le Sabot de Vénus. 4 espèces protégées au niveau national : l’Aster amelle, les Gagée jaune et velue et l’Œillet superbe, 13 espèces protégées au niveau régional, 10 sur liste rouge régionale et 30 sur liste rouge départementale. A noter que pour certaines espèces, le Vuache constitue l’unique localité départementale. C’est le cas du Dictamne blanc, du Peucédan à feuilles de Cumin, du Buplèvre en forme de Jonc et du Limnanthème jaune. On trouve également sur la montagne du Vuache une dizaine d’autres espèces rares en Haute-Savoie.

Pour la faune : 29 espèces d’intérêt communautaire : 7 insectes, 1 amphibien (le crapaud Sonneur à ventre jaune), 13 oiseaux, 6 chauves-souris et 2 mammifères (le Castor d’Europe et le Lynx boréal). On dénombre également 42 espèces protégées au niveau national : 21 mammifères, dont 16 chauves-souris, 8 amphibiens, 9 reptiles et 4 papillons (l’Apollon, l’Azuré du Serpolet, la Bacchante et l’Ecaille brune) ; ainsi que l’ensemble des oiseaux, tous protégés au niveau national, sauf la Bécassine des marais (annexe 4 pour le Pigeon Ramier, la Pie bavarde, la Corneille noire et l’Etourneau).

* L’annexe II de la directive Habitat-Faune-Flore fixe la liste des espèces (animales et végétales) d’intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de Zones Spéciales de Conservation (sites Natura 2000).

lynx europeen
damier de la succis

La flore

Le massif du Vuache et son piémont possèdent une richesse botanique exceptionnelle avec 1 100 plantes répertoriées sur les 2 500 espèces présentes en Haute-Savoie. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette diversité floristique et notamment l’opposition très nette entre un versant sud-ouest abrupt, très chaud et un versant nord-est en pente douce, frais et humide.

La flore vernale est particulièrement spectaculaire : Jonquilles (Narcissus pseudonarcissus), Corydales à tubercule plein (Corydalis solida) et creux (Corydalis cava), Scille à deux feuilles (Scilla bifolia), Nivéoles de printemps (Leucojum vernum). C’est la plus belle station départementale dedent de chien (Erythronium dens canis) , l’emblème du Vuache.

Le Vuache est le refuge de plantes méridionales : les pentes et rochers calcaires exposés au sud permettent le développement d’une flore thermophile (qui aime la chaleur) et xérophile (qui supporte la sécheresse), comme le Fragon petit houx (Ruscus aculeatus) ou l’Erable de Montpellier (Acer monspessulanum).

Quelques vires herbeuses hébergent également des plantes remarquables comme le superbe Lis orangé (Lilium bulbiferum var croceum), devenu très rare, ou le très printanier Bulbocode (Bulbocodium vernum).

Pelouses et prairies sèches constituent aussi des zones de richesses écologiques remarquables, abritant une flore rares et très diversifiées, avec notamment de nombreuses orchidées.

Les naturalistes et le Pays du Vuache

Le Vuache a attiré très tôt l’attention des naturalistes et en particulier des botanistes genevois. Les premières mentions de plantes vuachiennes sont trouvées dans le Catalogue des plantes vasculaires qui croissent aux environs de Genève de George F. Reuter (1832). Depuis, le Vuache n’a pas cessé d’intéresser les amateurs de plantes. Une étape importante est franchie avec l’ouvrage de John Briquet : Le Mont Vuache. Etude de floristique. (1894).

Le territoire du Vuache se révèle être un « hot-spot » de la biodiversité végétale départementale. Chaque année apporte son lot de nouveautés floristiques et il était devenu urgent de faire un bilan des connaissances en ce domaine. Ce fut également l’occasion d’appréhender les modifications intervenues au cours des derniers siècles, car si nombre de plantes ont été découvertes, il faut malheureusement noter la disparition de certaines d’entre elles en raison des modifications du milieu, qu’elles soient dues à l’évolution spontanée des écosystèmes ou aux activités humaines. La mise à jour de nos connaissance floristiques était aussi nécessaire pour rendre plus pertinentes nos opérations de gestion du milieu. En effet ces interventions sur le milieu ne se justifient que si le capital biodiversité en sort renforcé.

L’intérêt de ce travail n’a pas échappé aux responsables de la vénérable Société Botanique de Genève qui ont accepté avec enthousiasme de participer à l’édition de cet ouvrage que, toute modestie mise à part, nous avons plaisir à qualifier du titre de Nouveau Briquet.

Pour aller plus loin…

Le Vuache et ses plantes : catalogue floristique

Base de données floristiques du Vuache et son mode d’emploi

Les habitats naturels

Le territoire est concerné par deux compartiments distincts : le massif en lui-même, caractérisé par des pentes moyennes à forte, une roche mère calcaire, et une quasi absence d’eau, et le piémont, de part et d’autre mais surtout à l’ouest, caractérisé par des pentes nulles à faibles, une roche mère morainique à éléments acides et la présence d’eau, dans le sol et en surface…

On dénombre 23 unités de végétation dont 12 habitats d’intérêt communautaire.

Si les habitats forestiers dominent très largement en termes de surface, l’ensemble des autres grands types de milieux présents sont déterminants pour l’intérêt du site, car porteurs d’une grande part de la biodiversité (en espèces d’intérêt, et dans l’absolu) et de plusieurs habitats d’intérêt communautaire. Il s’agit notamment des pelouses sèches semi-naturelles (6210), des prairies à molinie sur argile (6410) et des tourbières basses alcalines (7230).

Les classements et protection

Le Vuache dans sa totalité est inscrit sur la carte des sensibilités du département établie en 1986. Il est depuis 2003 intégré au Réseau Ecologique Départemental (RED).

La montagne fait partie de la grande Zone d’Intérêt Communautaire pour les Oiseaux » Haute chaîne du Jura » (ZICO RA 14), qui englobe également le défilé de l’Ecluse et l’Etournel.

La Montagne du Vuache et le Mont de Musièges sont inventoriés comme Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de Type 1, sous le numéro régional 01060016. La ZNIEFF s’étend sur les communes de Chaumont, Chevrier, Savigny et Vulbens sur une surface de 1 771,34 ha.

D’autre ZNIEFF de type I concernent également le territoire :

  • ZNIEFF n°74120002 ou « Friche à molinie sur argile avec localement du choin de Pré Jarvan ». Elle se trouve sur la commune de Chaumont où elle couvre une surface de 1,31ha.
  • ZNIEFF n°74000017 ou « Marais alcalin de pente au sud de la route de Bloux». Elle se situe sur la commune de Dingy-en-Vuache où elle a une surface de 2ha.
  • ZNIEFF n°74120004 ou « Les zones humides de la base du Vuache». Les communes concernées sont Chaumont, Chessenaz et Clarafond- Arcine où elle s’étend sur 34,82ha.
  • ZNIEFF n°74000001 ou « Prairies sèches et pinède sur argile du Tremblay». Elle se situe sur la commune de Clarafond-Arcine et s’étend sur une surface de 2,22ha.
  • ZNIEFF n°01060019 ou « Prairie de Champ Vautier» Elle se situe sur la commune de Chevrier et s’étend sur une surface de 99 ha.
    Sur la commune de Chevrier, une bande montant sur le flanc de l’extrémité septentrionale du Vuache, du Rhône jusqu’à l’oratoire Ste Victoire, est comprise dans le site classé SC012 du « Défilé de l’Ecluse » (6 novembre 1946).

Des réserves de chasse ont été mises en place sur le territoire de chacune des communes et celle de Chaumont prend place sur le flanc occidental de la montagne.

En 1992, les Maires des six communes riveraines du massif ont pris des arrêtés municipaux pour interdire la circulation des véhicules à moteur sur les chemins desservant la montagne. En 2003, six arrêtés municipaux interdisent la divagation des chiens et obligent leur propriétaire à les tenir en laisse du 1er mars au 30 juin.

Le 23 mars 2005, le Préfet de la Haute-Savoie a mis en place un Arrêté de Protection de Biotope, interdisant tout équipement des falaises du « Versant ouest du massif du Vuache » à des fins d’escalade (APPB103). Surface : 323 ha. Le périmètre a été étendu en 2009 (+ 39ha). Enfin, le 2 mars 2018, un nouvel arrête (DDT-2018-665) a permis de protéger 388.20 ha. La pratique de l’escalade et du vol libre est désormais interdite du 15 janvier au 15 juillet.

Le 19 janvier 2009 un autre arrêté préfectoral a vu le jour sur la commune de Chevrier (DDEA-2009.32) pour protéger le biotope de « Champ Vautier ». Surface : 1.43 ha.

Enfin, le ministre de l’Ecologie et du Développement Durable signait :

  • le 24 avril 2006 l’arrêté portant désignation du site Natura 2000 du MASSIF DU MONT VUACHE au titre de la Directive “ Oiseaux ” (ZPS FR8212022)
  • le 17 octobre 2008 l’arrêté ministériel de désignation au titre de la Directive “ Habitats ” (SIC FR8201711).

 

Pour plus d’informations, téléchargez le Petit guide des bonnes pratiques dans les Espaces Naturels Sensibles du Pays du Vuache