Dans le cadre du programme « espaces naturels sensibles » du conseil départemental, le Syndicat intercommunal du Vuache organisait, samedi 28 avril 2018, une sortie nature gratuite intitulée « dans la peau d’un naturaliste ». Animée par Luc Méry, d’Apollon 74, et Jacques Bordon, de la SEPNS (Société pour l’étude et la protection de la nature en Semine), cette sortie ayant pour cadre le « Crêt Caillet », sur le piémont du massif du Vuache, a rassemblé 13 participants. Ces derniers ont pu comprendre la base du travail du naturaliste, qui consiste à caractériser les habitats floristiques pour analyser leur biodiversité, afin de mettre en place des mesures de gestion adaptées.
Les animateurs ont également expliqué que les plantes ne poussent pas n’importent où, car elles sont liées à des conditions écologiques complexes (type de sol, relief, exposition, lumière, etc.). Sans l’intervention de l’homme, les paysages de France seraient pratiquement tous forestiers, mais au fil des siècles, l’agriculture, la sylviculture et l’urbanisme ont modelés les paysages, les habitats floristiques et, de ce fait, la biodiversité.
Au Crêt Caillet, un agriculteur exploite des prairies de fauche d’une rare qualité écologique de manière extensive. Pour cela, il est aidé par les MAEC (mesure agroenvironnementales et climatiques) afin de réaliser des fauches tardives et utiliser peu d’amendement pour faire pousser le fourrage.
Pendant l’animation, le public a pu tester en grandeur nature la caractérisation des habitats de ces prairies et des forêts environnantes en réalisant une lecture de photo aérienne. A partir de ces vues du ciel, les participants devaient identifier les grands ensembles écologiques, pour ensuite les codifier via un protocole normé à l’échelle européenne, le « Code Corinne Biotope ». Après avoir dessiné sur la carte aérienne les habitats homogènes, ils sont dû observer la flore poussant dans le milieu concerné, pour mettre un nom sur le type de végétation, réalisant ainsi une carte de la végétation du secteur.
Par exemple, un champ rempli de pissenlits est une prairie de fauche enrichie par des fumures organiques ou chimiques que l’on appelle Arrhenatherion. Pour une prairie sans apports chimiques et organiques, on parlera de Mesobromion alors qu’une prairie pâturée est appelée Cynosurion.
Cette terminologie est issue du nom des graminées dominantes qui poussent dans les prairies, l’Arrhenatherum pour les prairies de fauches, le Brome pour les prairies sèches ou le Cynosurus pour le pâturage. Idem pour les Hêtraies, où poussent une majorité de hêtres, ou pour les Chênaies-Charmais, peuplées de chênes et de charmes.
Luc Méry/Apollon74