Protégés dans le cadre des programmes « Natura 2000 » et « Espaces Naturels Sensibles », les alpages du Vuache ont accueilli pour l’été un troupeau de génisses.
Samedi 19 mai 2018, la montée fut sportive, pour les 21 génisses de la ferme du Sabot de Vénus, parties du hameau de Cessens (Savigny) pour rejoindre les alpages du Vuache. C’est par un chemin forestier pentu que l’agriculteur Frédéric Fol et son équipe, accompagnés d’élus du Syndicat intercommunal du Vuache (SIV), d’habitants de Savigny, dont Béatrice Fol, la maire, et de propriétaires des alpages, ont conduit les bêtes à travers bois, pour déboucher sur une superbe prairie située à près de mille d’altitude, avec vue imprenable sur la plaine.
Aujourd’hui réhabilités, ces alpages étaient menacés de disparition il y a une vingtaine d’années. Car bien loin du Salève et de ses quelque mille hectares d’alpages, le Vuache, comme pour la plupart des montagnes de moyenne altitude de la région, a vu la surface de ses prairies diminuer de façon drastique depuis les années 1950. A cause de l’industrialisation de l’agriculture, avec des engins de plus en plus gros, mais peu adaptés aux petites et moyennes surfaces de pente, ces prairies d’altitude ont été abandonnées et peu à peu envahies par la forêt. D’un point de vue écologique, cet abandon est dommageable pour la biodiversité du massif, car ces alpages présentent une flore remarquable.
C’est pourquoi le Syndicat intercommunal de Protection et de Conservation du Vuache (aujourd’hui le SIV) a lancé dès 2002 des opérations de réhabilitation des derniers alpages du massif, situés sur les hauteurs de Chaumont. Grâce à des conventions de gestion signées avec les propriétaires, huit hectares de pâturage ont pu être ainsi réhabilités et sont aujourd’hui entretenus durant la belle saison par un troupeau de génisses. Des travaux de débroussaillement, pour empêcher l’extension d’arbustes ligneux comme le prunellier ou l’églantier, mais également la mise en place d’une réserve d’eau de 30 m3 (citerne souple autoportante) en complément à une petite source existante, ont permis aux génisses de rester sur place jusqu’à la fin de l’été. La pression sur les pâturages augmentant, le SIV pourrait d’ailleurs bientôt s’affranchir des interventions mécaniques automnales destinées à broyer la végétation ligneuse.
En 2017, le Département de la Haute-Savoie s’est porté acquéreur de la partie sommitale des pâturages, qui deviendra le 10ème site ENS (Espace Naturel Sensible) du département. Cette acquisition est une bonne nouvelle pour le SIV et les agriculteurs concernés, car elle renforce la pérennité de ces alpages qui ont bien failli disparaitre, avalés par la forêt.
DE